Brûlant – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est peut-être LA réforme la plus brûlante du second quinquennat d’Emmanuel Macron. La plus «casse-gueule», si on laisse le soin à la rue de la qualifier.
Maintes fois reportée, toujours contestée, la réforme des retraites est un texte à réactions. La majorité des Français la rejette. Non qu’elle soit bancale – son contenu est assumé par le gouvernement et relativement clair -. Mais elle arrive un peu en point d’orgue de toute une série de coups de bâton que nos compatriotes ont pris sur la tête depuis plusieurs années. Et en pleine crise – majeure – du pouvoir d’achat.
En toute logique, un front de contestation s’organise. Et les quatre ans qui viennent dépendront en partie du succès de ces mouvements sociaux qui pointent à très court terme. Alors frémissement sans suite ou tsunami à affronter pour le chef de l’État ?
En tout cas, déjà, la grève annoncée dans les raffineries doit inquiéter. On sait à quel point, par le passé, le pays a pu souffrir de voir son économie paralysée, précisément par manque de carburants. Moins d’essence, et c’est toute l’activité qui marche au ralenti. Elle n’en a carrément pas besoin actuellement.
Alors on comprend la réaction, ce jeudi, de la Première ministre à l’annonce des grèves des 19 et 26 janvier. Son appel au sens des responsabilités est logique. Mais on pourrait aussi le traduire par quelque chose de beaucoup moins entendable : « Puisque faire grève est un droit, allez-y, mais surtout, que ça ne pénalise personne ». Or, un mouvement de grève a très peu de chance de devenir un moyen de pression efficace s’il passe totalement inaperçu.
Elisabeth Borne table sans doute sur une certaine lassitude des Français, espérant qu’ils n’iront pas jusqu’à investir la rue. Et en tout cas pas en masse. Voire qu’ils seront agacés par les actions des syndicats. Mauvais calcul ? On – elle – le saura très vite.