Brigitte Bourguignon : « Des Ehpad de demain ouverts sur leurs territoires »
Ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l’autonomie, Brigitte Bourguignon est présente cet après-midi à Manois pour inaugurer l’Ehpad “La Côte des charmes”. Interview.
Le Journal de la Haute-Marne : Vous venez en Haute-Marne ce vendredi. Qu’est-ce qui vous a incité à venir découvrir cet Ehpad “La Côte des charmes” à Manois ?
Brigitte Bourguignon : J’ai été conviée. En plus, pour moi, cet établissement est une sorte d’ambassadeur de ce que l’on veut mener comme nouvelle culture et comme nouvelle politique d’investissement dans les Ehpad. Ce dynamique établissement a demandé des crédits Ségur. Il incarne justement très concrètement ce que le Ségur peut apporter. C’est par l’exemple, sur les territoires, qu’on arrivera à expliquer ce qu’il apporte notamment en matière d’investissement.
Le JHM : L’Ehpad de Manois est donc un exemple de ce que vous souhaitez en termes d’Ehpad de demain ?
B. B. : Oui. Certes, il y a ces fonds qui permettent de rénover des établissements mais on ne peut pas se contenter d’embellir. Les Ehpad de demain sont des établissements beaucoup plus ouverts, beaucoup plus connectés et plus sécurisés d’un point de vue sanitaire. Ils sont aussi dotés d’équipements qui soulagent aussi bien le personnel que les résidents dans leurs pratiques quotidiennes. C’est tout cela qui doit être mis en place. Puis, ensuite, sur la vie sociale en elle-même, les Ehpad doivent être ouverts aux familles, aux activités et aux territoires. La vie sociale ne s’arrête pas le jour où vous mettez les pieds dans une résidence adaptée pour votre autonomie ou votre dépendance. Au contraire, elle doit se poursuivre.
Le JHM : Qu’est-ce qui change radicalement entre l’Ehpad de demain et ceux que nous pouvions connaître hier ou aujourd’hui ?
B. B. : Je dirais que ce sont des établissements ouverts sur la société et les territoires. L’objectif est vraiment qu’il n’y ait pas de cassures dans les parcours des personnes. Rien n’est pire que cette période où vous changez complètement de cadre, où vous êtes déstabilisés. L’Ehpad ne doit pas être un mouroir qu’il n’est pas d’ailleurs. Là aussi, je m’emploie à réhabiliter l’image des Ehpad.
Le JHM : Qu’a révélé la crise sanitaire par rapport à nos Ehpad ? Nos anciens étaient-ils suffisamment protégés ? Les personnels suffisamment formés ?
B. B. : Elle a révélé deux choses. D’abord, les Ehpad ne peuvent plus être isolés dans leur territoire et totalement autonomes. On veut plus de relations entre les établissements et les groupes hospitaliers et les maisons de santé. La crise nous incite aussi à une amélioration de la médicalisation des établissements et à des investissements pour le personnel et les résidants.
Le JHM : Comment les Ehpad existants peuvent-ils s’inscrire dans cette démarche ? Peuvent-ils bénéficier des aides du Ségur ?
B. B. : Oui bien sûr. Il y a des aides à la rénovation et à l’amélioration dans des établissements existants. Il y a trois formes d’investissements possibles sur les Ehpad : la rénovation ou la construction éventuelle ; il y a l’enveloppe numérique et puis tout le volet petit équipement qui n’est pas neutre car il en va de l’amélioration des conditions de travail et de vie dans les établissements.
Le JHM : Les métiers du grand âge peinent à recruter et ont d’énormes besoins en personnels. En quoi consiste la campagne qui vient d’être lancée ?
B. B. : Les besoins sont massifs de l’ordre de 350 000 emplois à l’horizon 2025 et dans tous les secteurs. Il faut donc rendre plus attractifs ces métiers. Nous visons dans notre campagne deux publics : les jeunes et les personnes en reconversion professionnelle. Il y aura aussi un volet lié à la validation des acquis de l’expérience.