Bras de fer – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le bras de fer est engagé. A quelques heures d’une action des “gilets jaunes” qui pourrait être de grande ampleur, le gouvernement tente, sinon de tuer le mouvement dans l’œuf, en tout cas de lui faire perdre des combattants en route. A des revendications qui prennent de plus en plus l’allure d’un agglomérat de mécontentements pas seulement liés au prix des carburants, le Premier ministre hier matin, puis Emmanuel Macron à 20 h, ont répondu par quelques mesures… dans la limite de ce qu’ils considèrent comme acceptable. Tout est dit : cela risque de ne pas réussir à calmer la colère.
La prime à la conversion devient super. Le chèque énergie, lui, plus généreux. Mais l’une comme l’autre ne résoudront pas ce qui est finalement le point central de la contestation : le pouvoir d’achat. Même une prime de 4 000 euros ne suffira par exemple pas à faire franchir le pas aux plus modestes. Celui du diesel à l’hybride, de l’essence à l’électrique. Ils n’en ont tout simplement pas les moyens, même via ce coup de pouce.
Ce samedi de vérité pose une équation à plusieurs inconnues. Mouvement citoyen par excellence, le 17 novembre pourrait bien tourner au vinaigre. En cause, une récupération politique que les partis se gardent bien de revendiquer, tout en jetant de l’huile sur le feu. Voilà qui pourrait sérieusement créer des tensions, au sein même des organisations – ou non-organisations pour le coup – sur le terrain. Personne ne sait, non plus, comment réagiront les automobilistes – ceux qui rouleront – face à ces automobilistes – ceux qui filtreront -, peu aguerris aux opérations de ce type, comme peuvent l’être les syndicats ou certaines corporations très bien organisées.
Une seule chose est certaine, et là non plus, ça ne sera pas fait pour calmer les esprits, le ministre de l’Intérieur n’acceptera pas le « bololo ». Qu’on se le dise !