Bousculés – L’édito de Christophe Bonnefoy
On n’ira peut-être pas jusqu’à dire que les sorties sur le terrain de nos ministres et du président de la République commencent à prendre la forme d’un parcours du combattant. Mais ça peut y ressembler.
Chef de l’Etat bousculé, membres de l’exécutif sévèrement tancés ou, même, déplacements annulés face à une colère loin d’être sourde, on ne nage pas réellement en eaux calmes. Le dérapage est craint même si Emmanuel Macron affirme qu’il continuera à aller à la rencontre des Français. On ne pourra pas lui reprocher, pour le coup, de mettre les mains dans le cambouis et d’entendre, sinon de toujours écouter cette contestation qui se traduit parfois par des noms d’oiseau. Comme on le dit traditionnellement, ces derniers peuvent se comprendre. On sait qu’ils sont un peu le dernier recours pour arriver à crier une forme de désespoir. Ou en tout cas un mal-être persistant. Mais on ne peut les accepter. Non, quoi qu’on en pense, on n’insulte par un Président.
Reste que le chef de l’Etat peut ici voir dans cette France du quotidien ce qu’il n’a pas forcément l’occasion de percevoir depuis l’Elysée ou l’étranger.
Il vit aussi, depuis quelques jours, peut-être de manière moins prégnante qu’eux, ce que vivent chaque jour les élus Renaissance. On imagine aisément l’ambiance dans les permanences ou sur les marchés, lorsqu’ils se voient confronter à l’implacable bon sens, qu’on n’appellera pas forcément paysan, mais tout simplement populaire. Les mots sont francs, viennent du cœur. Sans filtre. Et posent le défi auquel est confronté le président de la République, s’il veut, comme il l’a affirmé, apaiser.