Bouhanni veut briser la malédiction
Deux participations au Tour de France (2013 et 2015) et deux abandons. La “Grande Boucle”, pour Nacer Bouhanni, est loin d’être une histoire d’amour. Le coureur Vosgien a bien failli ne pas être de la partie cette année encore. La faute à une lourde chute contractée au Tour du Yorshire, début mai, avec à la clé une grosse commotion cérébrale qui l’a éloigné des routes quelques temps, puisqu’il est resté dix jours à l’hôpital.
Désormais, son traumatisme crânien n’est plus qu’un lointain souvenir pour le leader de l’équipe nordiste Cofidis qui a fait son retour à la compétition récemment, lors du Dauphiné, et qui est monté sur la deuxième marche du podium lors des championnats de France de Saint-Omer derrière son grand rival Arnaud Démarre il y a un peu plus d’une semaine. «J’étais loin d’être à mon top. L’essentiel était de retrouver des sensations et le Dauphiné m’a permis de passer un cap», déclare le sprinter français.
Déjà vainqueur d’étape sur le Giro et la Vuelta, il ne manque plus qu’à Nacer Bouhanni un succès sur la “Grande Boucle” pour entrer dans l’histoire du cyclisme français. Mais le Vosgien, leader de Cofidis, a été jusqu’à présent très malheureux dans le Tour, avec un abandon dès la première semaine, en 2013 et 2015. Forfait en 2016, le tout récent vice-champion de France veut briser la malédiction. Et pourquoi pas aujourd’hui, à l’arrivée à Troyes, une étape qu’il a reconnue.
Même s’il n’est pas au meilleur de sa forme, Yvon Sanquer, le manager général de la formation française, compte évidemment sur son sprinter pour remporter au moins une victoire d’étape.
Le Spinalien a coché huit étapes qui pourraient lui correspondre et notamment celle de Mondorf-les-Bains-Vittel (finalement 4e mardi), avec une arrivée quasiment à la maison, ainsi que la 8e reliant Vesoul à Troyes, aujourd’hui, promise à un sprint massif. Sur les routes haut-marnaises, Nacer Bouhanni sera en quelque sorte le régional de l’étape. Preuve que l’ancien coureur de la FDJ possède de légitimes ambitions sur ce Tour, puisqu’il a reconnu cinq étapes, dont celle du jour. Il n’y a pas que les pilotes de rallye qui effectuent des reconnaissances.
« Pour un Spinalien, l’arrivée à Vittel a une saveur toute particulière, car je serai un peu à la maison. Mais, il y aura des opportunités pour les sprinters de remporter une étape dont Vesoul-Troyes. Sur le Tour de France, il faut être très attentif, car tout peut aller très vite. Il faut rester concentré et vigilant à chaque étape. Lors des reconnaissances, on regarde les routes étroites, les difficultés du parcours et les endroits dégagés où il peut y avoir des risques de bordure. Tous ces éléments sont importants », déclare Nacer Bouhanni.
Gagner sur le Tour, le rêve de tout coureur
Si le coéquipier de Daniel Navarro a déjà à son actif de beaux succès d’étape, que ce soit sur le Dauphiné ou Paris-Nice, le compteur victoire reste bloqué à zéro sur la Grande Boucle pour Nacer. Une petite injustice que le Spinalien entend remédier au plus vite. Car comme le souligne le Vosgien, s’imposer sur le Tour n’a pas de prix, surtout lorsqu’on est Français. « Le Tour de France est la plus prestigieuse de toutes les courses. Tout coureur rêve de gagner une étape du Tour de France. C’est vrai que j’ai une petite malédiction avec cette épreuve ».
Sprinteur, une caste à part dans le peloton, comme le souligne Nacer Bouhanni. « On ne devient pas sprinteur du jour au lendemain. Cela demande beaucoup d’explosivité. C’est l’ADN du sprinteur. Sur les sprints du Tour de France, tout le monde reste dangereux. Il y a peu d’élus. C’est un exercice qui est travaillé tout au long de la saison ».
D’ailleurs, Cofidis s’est attaché les services, cette année, du Belge Jonas Van Genechten pour aider la tête d’affiche de la formation nordiste dans l’emballage final. Comme toutes les équipes de sprinteurs, Cofidis possède son “train”, comme on dit dans le jargon de la “petite reine”. « Le train est un groupe de coureurs qui travaille autour de moi et qui doit me placer dans la position idéale à 200 m de la ligne d’arrivée. »
Précieux et souvent indispensable pour récolter les lauriers de la victoire. Le chef de file de Cofidis, qui dispose de sa garde habituelle avec Cyril Lemoine et son “lanceur habituel” Christophe Laporte, veut croire à la victoire cette année.
Mais, il aura donc fort à faire face aux monstres du sprint mondial que ce sont le Gorille de Rostock Andre Greipel, les Allemands John Degenkolb et Marcel Kittel (Quick Step), le Norvégien Alexander Kristoff (Team Kastusha-Alpecin) sans oublier le fantasque Peter Sagan (Bora-Hansgrohe) et le Français Arnaud Démare (FDJ). Bref, les favoris se bousculent au portillon.
Romain Randoing