Boucles de Bologne : une annulation qui a été réfléchie
L’annulation de l’édition 2023 des Boucles de Bologne déconcerte ses nombreux fans, qui n’habitent pas Bologne. En revanche, au sein de la cité, le degré de surprise est autrement plus mitigé. En effet, la décision de mettre une croix sur le rendez-vous n’a pas été prise à la va-vite.
« Aucune fermeture de la RD 44 dans le centre de Bologne ne sera autorisée par arrêté municipal samedi 3 juin ». Quand le maire de Bologne Maxence Lemoine écrit au président de l’association sportive de Bologne (ASB) Yohan Commovick le 20 avril, c’est en réalité pour consigner ce qu’il lui a déjà dit en face à face. Dès mardi 11 avril. La rencontre est provoquée par l’inquiétude d’une commerçante. Cette fleuriste avait expliqué au maire que la viabilité financière de son commerce dépend(ait) en partie du week-end de la fête des mères, comme la Saint Valentin ou la Toussaint. La fleuriste serait en outre suivie, même si ses collègues ne se manifestaient pas comme elle. Ce 11 avril, donc, le président de l’ASB Yohan Commovick et Maxence Lemoine se retrouvent dans sa boutique. « Nous évoquons la possibilité de décaler au dimanche 4 juin », relate le maire.
Décalage « à envisager »
Si Yohan Commovick tique, il finit par convenir que le report du rendez-vous au lendemain est « à envisager », poursuit le premier magistrat. Il soumettra l’alternative à son bureau. « J’insiste alors sur le fait que les commerces doivent impérativement rester accessibles le samedi sans aucun blocage aux entrées de Bologne », ajoute Maxence Lemoine. Le nouvel épisode intervient mercredi 12 avril : Yohan Commovick lui téléphone. Pour lui apprendre que l’ASB souhaite maintenir la date du 3 juin. « J’explique que je privilégierai l’intérêt des commerçants. La discussion tourne court ». Le ton du président de l’ASB est trop « agacé » à son goût. « J’ai été amené à lui demander de se calmer ». Nouvel épisode jeudi 20 avril, après que le maire a consulté ses adjoints et son maire délégué, il expédie donc le courrier dans lequel il maintient sa position, favorable au ménagement du commerce. « Je reçois dans l’après-midi un SMS d’un membre du bureau de l’ASB, qui souhaite me rencontrer le lendemain ». Le premier magistrat accepte.
Annulation par SMS
Nouvelle réunion, cette fois entre Maxence Lemoine et deux membres de l’ASB, dans le bureau du maire. Le Président de l’association est absent. Les hôtes de l’élu « (lui) proposent un parcours « bis » en maintenant la date du samedi 3 juin ». Sauf que cette hypothèse implique qu’ « une partie de Bologne (soit) bloquée ». Total : c’est non. Avant de proposer de nouveau de boucler le centre de la cité s’opère le dimanche 4. « J’évoque également les moyens de communication que nous mettrions en place afin de promouvoir la manifestation ». C’est le lendemain samedi 22 avril qu’un SMS d’un de ses deux hôtes lui fait savoir que les Boucles de Bologne sont annulées. Le lundi, le maire reçoit un courrier du président de l’ASB, qui confirme cette annonce. « Fervent défenseur du sport et des valeurs qu’il véhicule, je ne peux toutefois pas permettre la mise en difficulté d’un commerce », martèle Maxence Lemoine. Qui rappelle que si une subvention intégrant l’organisation des Boucles de Bologne d’un montant de 1 600 € en faveur de l’ASB avait été votée mardi 11 avril, cela prouve qu’il n’avait bien « aucune volonté d’annuler cette manifestation ». En outre, les élus « ont ont unanimement approuvé (sa) décision ».
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr
Des réactions à l’annulation
Réactions d’un couple d’hôteliers et d’un sportif qui a participé à créer les Boucles de Bologne.
« Les Boucles de Bologne viennent d’être annulées. Nous découvrons avec étonnement que des commerçants, sans être cités, ont demandé au maire Maxence Lemoine que cette course prestigieuse, (à laquelle nous étions favorables) soit reportée.
Ancienne élue, je peux attester qu’au cours de mes mandats, cette course, qualifiante au championnat de France, a toujours été soutenue par la commune.
Le maire aurait-il oublié de s’informer auprès de l’ASB avant de prendre une telle décision et d’entraîner son conseil municipal dans cette voie ? La date d’une course qualifiante au championnat de France est toujours imposée et il est impossible de la modifier.
(Selon l’article paru hier), ces commerçants avancent un chiffre d’affaires compromis à la veille de la Fête des mères, alors que les Boucles devaient débuter à 17 h 30 et, que de mémoire, les organisateurs ont toujours (fermé) l’accès au centre-ville en voiture, (peu) avant le départ de la première course, ce qui laisse un créneau appréciable pour (leurs) clients.
Par ailleurs, le lendemain, dimanche 4 juin, jour de la Fête des mères, les commerces auraient eu tout loisir de continuer à accueillir leur clientèle.
(Notre) manque à gagner
Le manque à gagner est réel et important (pour notre) hôtel, qui était complet et (des repas) étaient réservés. Toutes ces réservations ont été annulées.
Depuis plus de 40 ans, (ce rendez-vous) est une véritable institution et il est franchement regrettable d’en arriver (là).
La subvention (du) conseil municipal, par ailleurs inférieure aux années précédentes, ne réparera pas le préjudice porté (à) l’ASB.
Le maire dit s’en être remis à son conseil municipal pour avis. Avec quelle argumentation sérieuse pour en arriver à une telle décision ? ».
Un sportif révolté
Alain Commovick, a été, pendant 19 ans, le président de l’ASB, organisatrice de l’évènement. « Je suis révolté ! Depuis que les Boucles existent, ça s’est toujours très bien passé, ça n’a jamais empêché les gens de travailler. (Cette) épreuve, qui est la doyenne des courses pédestres en Haute-Marne, a été créée en 1979. Je suis extrêmement déçu, surtout pour ceux qui (l’ont créée) et (l’ont pérennisée). J’en ai fait partie », a-t-il réagi en substance. Il a décidé de ne plus appartenir à aucune association bolognaise.
A noter, au moins jusqu’à présent, qu’il est membre de l’ASB depuis (des) décennies. « Une date ne peut être changée du jour au lendemain car le calendrier officiel est établi en début d’année » a-t-il conclu.
Propos recueillis par notre correspondant Robert Costanza