Bonimenteurs et superprofits
« Les Français pris en otage ! » Le bras de fer qui oppose le pétrolier TotalEnergies à la CGT se joue désormais sur le terrain médiatique. À mesure que les stations-service ferment, suite aux blocages des raffineries, le débat s’envenime. La CGT réclame une négociation sur les salaires avant de débloquer les raffineries. De son côté, la direction a ouvert la porte à des discussions accélérées d’un mois, sous conditions de reprise immédiate du travail.
Un geste d’apaisement, suivi d’une petite béquille quand le service de com balance, « pour info », dans les rédactions le salaire moyen des employés des raffineries. On y apprend qu’un ouvrier a un salaire brut annuel de 40 000 euros bruts, auxquels s’ajoutent des primes de poste et d’ancienneté ainsi que de l’intéressement et de la participation. Pour un total de 70 000 euros bruts par an. Sans oublier le droit à 5 ans de préretraite payée par l’entreprise pour pénibilité.
« Faux », rétorque furieuse, la CGT, en taclant au passage son Dg : « À moins que la direction intègre le salaire de M. Pouyanné dans la moyenne ». Mais là encore, les estimations divergent, puisque les émoluments du DG sont de 10 millions d’euros par an selon le syndicaliste Emmanuel Lepine et de 5,9 millions selon le rapport annuel de l’entreprise.
Tout juste le syndicat concède-t-il un salaire moyen autour de 3 000 euros nets.
Pas suffisant pour le syndicat qui réclame donc 7 % de hausse supplémentaire tout de suite, auxquels s’ajoutent 3 % de partage des bénéfices liés aux superprofits.
Jamais avare d’une bonne récupération, à quelques jours d’une mobilisation populaire, la Nupes, notamment par la voix de Clémentine Autin soutient la démarche, tout en voulant supprimer les mêmes superprofits qui doivent servir d’assiettes aux hausses de salaires. À la CFDT, Laurent Berger indique n’être pas tellement pour les grèves préventives alors qu’Aurore Bergé estime que « la pression doit être mise des deux côtés ».
Que les salariés défendent leurs salaires se comprend fort bien. Qu’il cherche à tirer profit d’une flambée des prix du pétrole qui met en difficultés de nombreux Français est plus discutable. L’affaire n’a donc fini de faire jaser !
Jean-Jacques Manceau