Bon à prendre – L’édito de Patrice Chabanet
Bon à prendre – L’édito de Patrice Chabanet
Dans un pays perclus de chômage comme la France, une diminution de 1,8% des demandeurs d’emploi sans aucune activité a des parfums d’exploit. Ce sont près de 65 000 chômeurs de moins en un seul mois, un record qui n’avait jamais été atteint depuis 21 ans. Plus encourageant : le recul a été de 5,3% chez les moins de 25 ans. Si les chiffres sont incontestables, leur appréciation est plus délicate. La courbe de l’emploi en France demeure erratique et ne permet pas de tirer des conclusions qui ne pourraient être que hâtives. La baisse spectaculaire de septembre intervient après deux mois de hausse. On observe bien une contraction du chômage de 0,5% sur un an, mais pas suffisante encore pour rejoindre les rives du plein emploi.
Le gouvernement, comme il l’avait promis, s’est d’ailleurs refusé à commenter la bonne nouvelle. La matière est trop volatile pour se risquer à bomber le torse. Une forme de détachement qui n’est pas innocente sur le plan politique. Elle laisse les oppositions…s’opposer pour expliquer les embellies. A gauche, on pointe les radiations qui, mécaniquement, feraient baisser le nombre de chômeurs. Chez les fidèles de François Hollande on expliquera que Macron récolte la moisson de ce qui avait été semé pendant le précédent quinquennat. A droite, on préfère voir les retombées de la reprise de la croissance mondiale. La vérité se situe sans doute au milieu de ces explications contradictoires. Les intéressés, c’est-à-dire ceux qui ont retrouvé un job, ne vont s’appesantir sur les polémiques. Une amélioration de la situation de l’emploi est toujours bonne à prendre.
Une chose est sûre, le marqueur du succès politique passe par une réduction drastique du chômage. Si la courbe devait reprendre son yo-yo, Emmanuel Macron et sa majorité seraient vite entraînés dans le toboggan de l’impopularité et de la défiance. Si le bon score de septembre devait se confirmer sur le même rythme, le « président des riches », comme le brocardent ses contempteurs pourrait revendiquer celui de président de l’emploi. Il y a du boulot…