Blue Monday : « une vaste fumisterie »
Laisser croire aux gens que le troisième lundi du mois de janvier est fatalement le jour le plus déprimant de l’année… Y adjoindre des recettes du bonheur… « ça n’a aucun sens » pour Brigitte Frosio-Simon, psychologue et psychanalyste chaumontaise. Elle s’en explique.
Blue Monday ? Le troisième lundi de janvier serait-il fatalement le jour le plus déprimant de l’année ? Est-ce un mythe, une vaste opération commerciale ? Ou est-ce que ça correspond à une forme même relative de réalité ? Brigitte Frosio Simon coupe court à toute spéculation. « C’est une vaste fumisterie », tranche-t-elle. « Ça n’a aucun sens », ajoute-t-elle, « la formule se veut scientifique mais ça ne l’est pas du tout », dit la psychologue et psychanalyste chaumontaise qui est par ailleurs représentante haut-marnaise au comité régional d’éthique du Grand Est.
Pour la professionnelle, il ne fait aucun doute que cette « campagne » ne revêt que des aspects marketing et commerciaux. Car, derrière ce blue Monday se développe le pendant : une forme d’injonction au bonheur et donc tout un tas de recettes pour être heureux. « C’est dramatique car on dit aux gens, on vous explique comment il faut faire pour être heureux. Pour ceux qui n’y parviennent pas, c’est dangereux », éclaire Brigitte Frosio-Simon.
Attention de ne pas passer à côté de vraies dépressions
Autre écueil de taille relevé par la professionnelle, ce Blue Monday peut conduire à « passer à côté de vraies dépressions », souligne-telle. « On peut avoir une forme d’humeur triste. Une forme de fragilisation saisonnière peut exister mais ce n’est pas pathologique contrairement aux vraies dépressions », note Brigitte Frosio Simon. Elle alerte.
« Attention à ne pas confondre le normal et le pathologique », dit-elle insistant sur le fait qu’il faut se méfier « des fausses recettes du bonheur » qui peuvent être en définitive dévastatrices.
Les gens vont mal
Elle le constate dans ses consultations, les gens vont mal. Mais rien à avoir avec le troisième lundi du mois de janvier. Pour la professionnelle, on n’en finit pas d’essayer de panser les plaies psychologiques liées au Covid. « Il y a une fracture du lien social » qui peine visiblement à se reconstruire. « Le morcellement des repères, le contexte global avec la guerre, les problèmes écologiques, économiques et sociaux et l’absence de perspectives » expliquent le mal-être que Brigitte Frosio Simon constate tous les jours. Elle se garde, elle, de donner la recette du bonheur. Mais elle conseille de ne pas tomber dans cette supercherie du Blue Monday mais plutôt de s’appuyer sur nos manifestations de joie.
C. C.
Ce nom a été donné par une campagne de publicité de la société Sky Travel en 2005. D’après Sky Travel, ce lundi serait le point de convergence de plusieurs paramètres négatifs dont le début de la semaine (lundi), le salaire du mois pas encore tombé, la météo, saison froide et nuits longues depuis déjà un certain temps et encore pour plusieurs semaines, la période post-fêtes dont les dettes de Noël non remboursées, l’arrêt des bonnes résolutions. Tous ces paramètres sont mis en équation. C’est la formule du jour le plus triste de l’année sous forme d’une équation intégrant météo, différence des dettes contractées à la période des fêtes avec la capacité effective de remboursement avant la prochaine paie ; temps écoulé depuis Noël ; temps écoulé depuis les résolutions du Nouvel an ; manque de motivation et besoin d’agir. La formule du jour le plus heureux de l’année existe aussi. Elle mêle un indice sur les activités extérieures, la nature, les interactions sociales, les souvenirs positifs, la température et la proximité de ses propres congés.