« Blue monday », un lundi de janvier comme les autres
Le « blue monday », alias le troisième lundi de janvier, serait le jour le plus déprimant de l’année. Selon les professionnels de santé de la pharmacie République, à Chaumont, c’est surtout le lundi des sornettes.
« Je ne savais même pas que ça existait, ce jour soi-disant le plus déprimant », déplore Julie Vautrin, pharmacienne – au passage, sans aucun lien de parenté avec la nouvelle ministre de la Santé… « Les gens vont mal, oui, mais pas plus en ce moment qu’à l’ordinaire ».
Pas de pic
La pharmacienne « collectionne » au sein de sa clientèle les pathologies de saison, comme le rhume ou la gastro-entérite, mais il lui est impossible d’extraire cette période de l’année de toutes les autres, au prétexte d’une quelconque spécificité. « Il y a eu une hausse des terrains anxiogènes post-Covid, tendance qui se maintient, au demeurant. Mais rien à voir avec le mois de janvier ou la saison plus globalement ». Ce qui se dit sur l’épidémie de gastro-entérite doit également beaucoup à l’imagination,. « Elle est surtout due à la consommation d’huîtres pendant les fêtes, plus assez fraîches… ». En gros, pas plus de vilain virus dans l’air que de pic de déprime au 15 janvier.
Sorties et vitamines
En revanche, en janvier, les jours sont courts, la période, propice au repli sur soi, l’affaire est bien connue et documentée. Il existe des parades, aussi éprouvées. « Que chacun fasse selon ses possibilités, mais pour tenir le coup en cette saison froide, un petit complément de vitamines pour booster, et sortir malgré le froid. Bref, bouger un peu », conseille Julie Vautrin. Et puis, de même que Noël « tombe » en décembre, le coup de fatigue de janvier est naturel. Mais le « coup de déprime », lui, reste un mythe – parmi d’autres, comme la vitamine D souvent prescrite aux femmes pour combler le manque de lumière.
Bénfice secondaire ?
Au total, si, non, lundi 15 janvier, personne ne déprime plus que lundi 8 ou bien lundi 22 ou 29, la sornette de sa noirceur a, qui sait, son utilité. Serait-elle aussi résistante, sinon, d’ailleurs, pas sûr. S’inventer un « blue monday », c’est si ça se trouve déjà inventer quelque chose. C’est aussi se raconter une histoire, voire s’exonérer de toute capacité à réagir, dans ce cas précis : que faire contre la fatalité, merci de nous l’indiquer. Et pourquoi pas la mettre au pot commun pour se plaindre ensemble du vilain sort – sachant que le plus important pourrait être le caractère commun de la plainte bien plus que la plainte elle-même. Alors, la sornette du « blue monday » aurait une vertu : révéler qu’on a besoin de se retrouver les uns avec les autres, même à propos de n’importe quoi. Une première étape sur le chemin qui mène à se retrouver à propos de tout ?