« Blue Beetle », petit scarabée n’est pas encore prêt
CRITIQUE. En dépit de quelques bonnes idées, “Blue Beetle”, la dernière mouture super-héroïque sur grand écran de DC Comics, sonne désespérément creux. Gâchant son potentiel dans une abondance d’effets spéciaux ratés, le film devient une énième origin story carrément oubliable.
Qu’adviendrait-il si un téléfilm de série B bien peu inspiré disposait d’un budget de major ? Ne vous creusez pas les méninges, “Blue Beetle” est la réponse à cette question que nous aurions préféré laisser en suspens à jamais. Le film d’Angel Manuel Soto, sous la coupe de Warner Bros. / DC Comics, se vautre bien vite dans la mièvrerie la plus effarante.
Un scarabée, tu dis ?
Comme toute origin story, genre auquel nous sommes bien habitués après une décennie de domination de Marvel dans les salles obscures, “Blue Beetle” narre la découverte de ses pouvoirs par le jeune Jaime Reyes (Xolo Maridueña). Ou plus exactement, le début de sa cohabitation avec le Scarabée, entité extra-terrestre fusionnant avec son hôte pour le transformer en un super-héros, capable de créer ce qui lui passe par la tête, de voler, doté d’une force surhumaine… Bref, le package complet.
Évidemment, cette quête initiatique – le mot est bien trop fort pour ce que le film en fait – verra le jeune héros croiser le fer avec l’entreprise Kord, dirigée par Victoria Kord (Susan Sarandon), dont le but est de récupérer l’ADN du Scarabée pour créer une armée de super-soldats robotiques. Le premier prototype du genre se nomme Carapax (Raoul Trujillo), antagoniste hautement insignifiant, dont la psyché est balayée maladroitement en quelques flashbacks.
Verre à moitié plein
Ne soyons pas complètement désenchantés. “Blue Beetle” a des qualités. Il respecte son personnage, que les fans de comics apprécieront et que les néophytes prendront plaisir à découvrir. Une adaptation fidèle, qui ne sonne pas comme un film de commande sans âme. Le message anti-impérialiste parcourant le long-métrage est intéressant. Car, point central, Jaime Reyes et sa famille sont originaires du Mexique. Les acteurs les interprétant (Belissa Escobedo, Adriana Barraza, Damián Alcázar, George Lopez…) le sont aussi, au moins d’origine. À l’heure où, dans le monde réel, le Texas installe des bouées dotées de scies circulaires sur le Rio Grande pour dissuader les migrants de tenter la traversée, un tel message est clairement bienvenu.
Verre carrément vide
Mais lorsqu’il arrive à son mitan, le film perd tout ce qui aurait pu le rendre chouette dans les premières minutes. La réalisation, déjà, prend un coup. Fini les scènes de combat habilement chorégraphiées et le développement – déjà pas mastoc – des personnages. Place à un tohu-bohu aux effets spéciaux indigestes, qui a perdu son sens en chemin. La dernière demi-heure, tant elle est nulle, sonne presque comme une épreuve.
“Blue Beetle” est à l’image de l’univers cinématographique DC Comics : un naufrage pavé de bonnes intentions. La niaiserie globale, la banalité de l’histoire, les tentatives d’humour souvent foireuses et le manque de profondeur des personnages font oublier ses inspirations louables. Pour enfoncer le clou, le potentiel de suite(s) est bien là. Malheureusement.
Dorian Lacour