“Bleue” au Nouveau Relax ou la métamorphose de Bluenn
Le public était au rendez-vous de Bleue, jouée ce jeudi 30 mars au Nouveau Relax.
Sur un texte de Clémence Weill, Coraline Cauchi, responsable artistique de La Compagnie des Serres Chaudes, met en scène et interprète Bleue. Jeudi 30 mars au soir, au Nouveau Relax, le public était au rendez-vous pour affronter cette pièce déroutante, et même dérangeante pour certains qui traite du féminisme à partir d’un argument très particulier.
Bluenn est une figure de femme moderne, émancipée, mais néanmoins porteuse des soumissions imposées aux femmes depuis toujours et dans lesquelles elle se débat encore. Elle a choisi un “métier d’homme”.
C’est dans une chambre froide avec autour d’elle des carcasses suspendues que la jeune femme nommée Bleuenn parle de sa vie et de son travail. Ses réflexions sur le sang, le don d’organes ou la virginité se mêlent aux flashbacks d’une histoire d’amour et, entre autres, à la recette du pain de viande… Inspirée par le roman de Joy Sorman, “Comme une bête”, (histoire d’un apprenti-boucher fou de viande), entre fable et documentaire, Bleue parle du désir de la chair comme de la chair du désir. Traité sur le féminisme – des règles à l’émancipation -, ce regard sur la cause animale s’énonce avec irrévérence et met en avant la place de la femme dans un monde masculin. Bluenn s’identifie à l’animal de boucherie. A la fin Bleuenn, devenue vache, meurt.
Ce n’est ni triste, ni horrible, ni fataliste. Dans Bleue, il y a de la fiction, des ingrédients qui viennent du théâtre, avec un personnage que la comédienne incarne et qu’en même temps elle regarde de l’extérieur. Il y a aussi un dispositif avec un musicien, dont la présence sur le plateau permet au public de projeter sur lui de la fiction, de se raconter qu’il est peut-être le copain de la fille qui parle ou bien l’éleveur de la vache, alors qu’il est là aussi simplement pour produire les sons de la pièce.
Coraline Cauchi fait partie du groupe des huit artistes associés au Nouveau Relax pour une durée de quatre ans (2023-2027).
De notre correspondant Jean-Louis Begrand