Bloquer pour avancer – L’édito de Christophe Bonnefoy
Le monde de l’Education nationale a, lui aussi, un droit légitime à exprimer sa colère. Mais, sauf à cumuler les emplois, les profs n’ont pas de tracteurs. Eux et plus largement les personnels de l’Ecole auront bien du mal à bloquer les autoroutes.
Il leur reste la grève. Le bon vieux principe de l’absence pour rappeler qu’ils existent ! La possibilité, dans les faits, de laisser les élèves sur le carreau le matin pour que l’on se souvienne que leur présence est essentielle.
Pour faire simple : les acteurs de l’éducation ont évidemment les mêmes revendications qu’un peu tout le monde, notamment sur les salaires. Mais pas seulement. Au-delà d’une certaine considération dont ils ne ressentent pas toujours l’existence, ils aimeraient ne pas être uniquement ceux à qui on lance de grandes idées en leur disant, quasiment… « débrouillez-vous ».
Ainsi en va-t-il des professeurs à qui on confie l’immense responsabilité de prendre à leur charge des programmes bouleversés au gré des changements de ministre. Trop souvent en ce moment. A qui on demande, aussi par exemple, d’inscrire le mot “inclusion” dans le petit manuel du bon enseignant, sans vraiment leur expliquer comment ils devront s’y prendre. Chacun tente de jouer le jeu. Ou pas. Quand les grands principes se heurtent à celui de la réalité de terrain.
Ainsi en va-t-il, encore, des Accompagnant(e)s d’élèves en situation de handicap (AESH), au nombre d’heures allouées parfois anecdotique, pour des salaires de misère, alors que leur rôle est de plus en plus primordial aujourd’hui.
Non, le monde de l’éducation n’a pas entre les mains ce tracteur qui pourrait paralyser la capitale. Mais comme les paysans sont ceux qui nous nourrissent, les personnels de l’éducation alimentent le savoir des millions d’élèves qui prendront notre suite. Leur mission impose que l’on soit exigeant envers eux. Mais tout autant qu’on leur donne les moyens de répondre à cette exigence.