Blocage au rond-point d’Ancerville : les flammes de la colère ravivées par le discours du président
MOBILISATION. Dès 5 h, jeudi 23 mars, plus d’une centaine d’opposants à la réforme des retraites se sont joints à l’intersyndicale pour occuper toute la journée le rond-point situé à l’entrée d’Ancerville. Un barrage bloquant organisé au lendemain d’un entretien présidentiel jugé peu convaincant.
L’entretien du président Emmanuel Macron, réalisé mercredi 22 mars, avec les journalistes de TF1 et France 2, n’a visiblement pas suffi à apaiser les tensions. Ni à dissuader les opposants à la réforme des retraites d’organiser une neuvième journée de mobilisation, jeudi 23 mars.
Comme prévu la veille et malgré un temps des plus pluvieux, dès 5 h, les membres de l’intersyndicale se sont rassemblés au rond-point situé à l’entrée d’Ancerville pour créer un barrage plus bloquant que les fois précédentes. « On ne laisse personne passer, mis à part les services d’urgences », précise Laurent Cosson, délégué syndicale Force ouvrière Eurofence.
Aux alentours de 10 h, ils étaient plus de 150 à occuper le giratoire. Parmi eux, Christophe, adjoint chef en finition au sein d’une entreprise de fabrication de véhicules de transport collectif de personnes : « Il se fout totalement de nous. Il a jeté la mèche. Aujourd’hui, on l’allume ». Un avis partagé par Sébastien Griffith, adhérent CGT cheminot et Véronique Bouvret, ancienne aide-soignante : « Il est sourd à la colère des gens. Avec l’inflation, la guerre, on est dans un contexte compliqué. Il y a plein de gens qui s’inquiètent pour leurs enfants et qui sont en train de mourir socialement. »
Parmi les propos du président qui ont choqué, ceux faisant référence à « l’augmentation du salaire des smicards ». « Je trouve ça lamentable. Peut-être que les salaires ont augmenté, mais l’inflation aussi », s’agace Véronique. « J’ai un fils qui a une maison et qui va bientôt être papa. On va devoir l’aider. Bien qu’il travaille, tout a augmenté, les courses, l’énergie… »
Des camions à l’arrêt sur la N4 et la départementale
À l’instar de ces derniers jours, l’opération a généré, un bouchon regroupant automobilistes et routiers, sur les routes adjacentes, notamment sur la D604 reliant Saint-Dizier à Ancerville. Si certains chauffeurs, à l’image de Jessy, 37 ans, à l’arrêt durant 1 h 30, au moment de l’entretien, se sont montrés compréhensifs : « C’est normal qu’ils bloquent. Je ne suis pas sûr de pouvoir continuer à exercer cette profession jusqu’à 64 ans ». D’autres, comme Joris, 20 ans, espéraient un déblocage rapide : « Ça ne me dérange pas ce qu’ils font, mais qu’ils laissent passer un véhicule toutes les dix minutes. »
En plus de la départementale, l’intersyndicale et ses sympathisants ont également réalisé des barrages sur la N4. En conséquences, plusieurs kilomètres de bouchons ont été là aussi générés, allant jusqu’à Marnaval ou encore au rond-point des Nations. À 12 h 30, la préfecture de la Meuse a comptabilisé 10 km de bouchons sur la N4, dans le sens Nancy – Paris.
Les blocages devraient durer jusqu’à 15 h, avant que soit menée, à 17 h, une nouvelle manifestation devant la mairie de la cité bragarde.
Dominique Lemoine