Bizarre, bizarre… – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’époque est bizarre. Elle semble désormais répondre à des règles qui n’en sont plus, en tout cas moralement. Le 49.3 est inscrit dans la Constitution ? L’utiliser devient pourtant une affaire d’Etat. Ceux qui y firent appel par le passé dénoncent aujourd’hui cette arme absolue dégainée à leurs yeux pour museler le débat. Inversement, d’autres, qui hurlèrent au scandale lorsque le même 49.3 servit allègrement sous les mandatures précédentes sont bien contents de pouvoir forcer le passage tout à fait légalement.
Reste que les guéguerres lamentables auxquelles on a pu assister dans l’Hémicycle ces derniers temps sont très loin de répondre aux questions légitimes que se posent les Français. Sur l’âge pivot notamment. Les députés, quel que soit leur bord d’ailleurs, ont renvoyé une image déplorable, dans une sorte d’entre-soi très politicien mal vécu par les Français. L’intervention d’Edouard Philippe, samedi à l’Assemblée, n’a pas été mieux perçue. Qui plus est en pleine crise du coronavirus et quelques heures seulement après l’annonce de mesures comprises parfois comme une interdiction de manifester. Comme si la crainte d’une pandémie n’était pas suffisante pour casser le moral.
La réforme des retraites continue donc son bonhomme de chemin… façon bulldozer. Mais disons-le clairement : ni les dizaines de milliers d’amendements sortis du chapeau de LFI, ni l’entêtement apparent de l’exécutif ne sont de nature à restaurer la confiance. L’électeur est perdu, tout simplement. Tellement perdu, qu’il n’est parfois même plus sûr de connaître déjà le visage de celui ou celle qu’il voudra choisir comme maire, alors que nous ne sommes qu’à quelques jours des municipales.
L’époque est bizarre. Confuse.