BiTSlicR : les jeunes injectent de l’info dans du bois
L’UTT développe avec ses étudiants à Nogent un projet d’imprimante 3D géante qui utilise… du bois. Dit comme cela…
BiTSlicR. Sans faute de frappe ; et aussi difficile à prononcer qu’à lire. Cependant, quel avenir ! L’appellation de ce projet pour le moins original implanté au Pôle techno de Nogent trouve ses origines dans deux mots anglais : bit (que l’on peut traduire ici par pièce, morceau, bloc) et slicer (trancheur, machine à couper), devenu SlicR par la magie du graphisme. Bref, l’idée d’une machine à découper des blocs ne nous en révèle guère davantage sur ce qui s’apparente aussi à une imprimante 3D.
Mais là, l’imprimante ne fait pas fondre du plastique ou du métal ; elle assemble avec une grande précision des petits rectangles de bois qu’elle colle jusqu’à former l’objet final. On peut donc la qualifier aussi d’imprimante 3D à bois, ce qui, à deux pas du Parc national des forêts, n’est pas si inconcevable que cela. Donc, la création de BiTSlicR imprime en bois, en 3D, dans un volume de 3 m x 2m x 1,50 m !
La machine en cours de développement utilise des blocs de dimensions identiques, pour le moment en bois, les découpe, puis les assemble. Ce projet a démarré il y a une dizaine d’années dans l’enceinte de l’Université Technologique de Troyes (UTT) dans l’Aube. Sous la houlette d’un enseignant rigoureux et bienveillant, Laurent Daniel, chaque semestre, une dizaine d’étudiants volontaires s’empare des paquets de bits et du projet pour le faire progresser. Et il progresse. Tous les six mois, tous les cerveaux qui planchent sur le projet sont renouvelés. L’information et l’expérience acquise se transmettent de plus en plus vite, car d’anciens étudiants reviennent, passionnés qu’ils sont. Depuis le début ce des jeunes de quinze nationalités différentes qui ont participé au projet.
On a donc un projet, un ingénieur enseignant et ses étudiants ingénieurs. On a aussi un site : le Pôle technologique de Nogent qui accueille déjà une antenne emblématique de l’UTT. La qualité de l’accueil de Nogent et de la Haute-Marne est d’ailleurs immédiatement soulignée par Laurent Daniel, qui ne tarit pas d’éloges. Il y a aussi des partenaires, institutionnels (La Ville, le Département, la Région, le GIP) et industriels (Ferry Capitain -Vecqueville et PMS – Prauthoy).
La méthode Laurent Daniel repose sur deux principes mis en application dans ce projet :
1) Une progression basée sur une succession de petits succès, en anticipant toujours le pas suivant, et en gardant un esprit « fun »
2) Chaque petit succès passe par ces trois phases : on fait fonctionner, on fiabilise, on optimise.
Un premier prototype a été construit dans les locaux de l’UTT à Troyes. Le second prototype est en cours d’élaboration au Pôle Techno, à Nogent.
La finalité ? Fabriquer… beaucoup de choses. On pense spontanément à des moules complexes, à des grandes formes torturées. Les possibilités sont vastes et les ingénieurs de demain imagineront des applications que ne soupçonnent pas forcément les élèves ingénieurs d’aujourd’hui.
En fait, les étudiants injectent de l’intelligence, ou de l’information, dans les fameux blocs, pour l’instant en bois. On pourrait imaginer aussi utiliser des déchets déchiquetés et reconditionnés, etc. Le champ des possibles s’avère très vaste ; un peu comme le plaisir et l’intérêt qu’ont pris les 150 étudiants déjà impliqués… C’est bon signe. Et ce n’est pas un hasard si cela se fait à Nogent.