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Biotech ou la théorie du mouvement

À Nogent, où tout est né, Biotech illustre bien le mouvement incessant qui caractérise le secteur du médical.

L’univers du médical est impitoyable. À l’aune de cette récente industrie, dix ans sont une éternité. L’unité de temps est l’année. Les observateurs remarquent qu’en 24 mois, tout change : achats, ventes, restructurations, reventes… le pouls du secteur médical en Haute-Marne bat au rythme d’un monde en effervescence. Faut-il s’en plaindre, s’en affliger ? Des centres de décisions outre-Rhin (Aesculap) voire outre-Atlantique (Greatbatch) n’ont pas contrarié la croissance des entreprises haut-marnaises. Dans le médical, aucune de celles qui sont nées ici puis ont été rachetées par des étrangers n’a diminué ses effectifs, bien au contraire.

À Nogent, où tout est né, Biotech illustre bien ce mouvement incessant qui caractérise le secteur. Sur un site qui fut au siècle précédent une pépinière d’entreprises s’implante EOS Médica en 2002. Huit ans plus tard, l’entreprise est cédée à Biotech (Salon-de-Provence) spécialisée dans l’implant dentaire et orthopédique. Biotech concevait puis achetait à l’extérieur, sans fabriquer. Un virage important est pris en 2011. Biotech change la donne, investi un million d’euros en travaux, transforme totalement son bâtiment et acquiert des machines. La production de vis démarre. Deux ans plus tard, Biotech vend sa division Biotech Ortho à l’américain Wright Medical (Memphis). La nouvelle direction prend une décision stratégique : vendre la hanche et le genou, marchés proches de la maturité, pour miser sur les mains et les pieds, promis à une croissance plus dynamique. En fait, en achetant une partie de Biotech, les Américains acquièrent une implantation en Europe, des commerciaux, des chirurgiens concepteurs, soit un réseau et des compétences bien davantage que des lignes de production.

En février 2014, l’entreprise nogentaise compte 14 salariés. Biotech-Wright confie son destin à David Biguet, un ex-Depuy, probablement un des meilleurs connaisseurs du Bassin Nogent-Chaumont-Langres.

David Biguet est un pragmatique efficace. En à peine plus d’un an, il rapatrie à Nogent la sous-traitance puis les fonctions achat et qualité. Il embauche en production. Vingt personnes travaillent désormais sur le site. Aujourd’hui, les vis en titane qui seront implantées dans les phalanges, les chevilles, constituent le cœur de métier de l’entreprise. Mais un cœur de métier bien entouré : car l’idée fondamentale, géniale, consiste à ne pas livrer ces fameuses vis telles quelles, mais au sein d’un kit qui intègre la totalité de l’instrumentation nécessaire au chirurgien pour une opération bien précise. Les vis de différentes tailles avec leurs plaques, soit quelques grammes et quelques millimètres, y figurent bien, soigneusement rangées. Mais tout le reste aussi, que l’hôpital renvoie au fournisseur après usage. N’est facturé que ce qui a été implanté (vis) ou détérioré (instruments). Vu de loin, Biotech vend donc des vis. En fait, c’est bien davantage de l’intelligence et du service. 700 kits sortent (complets) de Nogent, partent à Marseille pour y être conditionnés en salle blanche, font étape à Salon de Provence, vivent un moment fort en salle d’opération (essentiellement en France, mais aussi à l’étranger, notamment au… Brésil) puis reviennent à Nogent.

Une troisième activité connaît une remarquable croissance : la réparation d’instruments de chirurgie. Instruments de tous types, du monde entier ; du meilleur (made in Haute-Marne) au moins bon (made in Pakistan). Cinq techniciens sont dédiés à ce secteur en plein boom.

Le mouvement ne s’arrête pas. Les tractations sont fort avancées pour un prochain mariage entre Wright (donc Biotech) et Tornier (Grenoble). De la fusion des deux “petits” naîtra un groupe de 2000 personnes, générant un chiffre d’affaires de 600 millions de dollars et surtout une valorisation boursière de 3,5 milliards de dollars. De quoi se prévenir des prédateurs…

Quant au site de Nogent, l’avenir passe par l’aménagement d’une salle blanche. L’investissement de 700 000 euros est prévu.

 

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