Biodiversité : les qualités du lierre grimpant
Laisser prospérer un lierre grimpant (Hedera hélix Linnaeus) sur une façade de sa maison procure des avantages à la biodiversité. Cependant, il faut faire en sorte que cette plante n’atteigne pas le toit, au risque qu’elle en soulève les tuiles.
Le lierre grimpant, plante médicinale et dépolluante, est une liane arbustive à feuilles persistantes qui se développe spontanément en zone tempérée eurasiatique de l’hémisphère nord. De grande longévité, il prospère lors des étés chauds et humides. Lorsqu’il pousse sur une habitation, il la protège des intempéries en constituant une isolation thermique. De plus, il assainit le sol au pied des murs en absorbant l’humidité. Ses crampons de fixation n’endommagent jamais les cloisons en bon état. Ses feuilles adultes, généralement vert foncé, possèdent cinq lobes, sauf celles des tiges florifères qui sont ovales avec un sommet pointu. Le feuillage de certaines variétés est panaché, la longévité des feuilles est de six ans ; elles peuvent capter directement la pluie et la rosée. La floraison s’étale de septembre à octobre ; les petites fleurs, d’un jaune verdâtre, sont regroupées en ombelles disposées en grappes, tandis que la fructification s’effectue en fin d’hiver. Pour l’entretien du lierre grimpant, et éviter qu’il ne devienne envahissant, l’idéal est d’utiliser un échenilloir télescopique.
Une abeille inféodée au lierre grimpant
Les fleurs du lierre grimpant exhalent un parfum de miel qui attire une multitude d’insectes pollinisateurs, principalement les hyménoptères, parmi lesquels une abeille solitaire qui lui est inféodée : “Colletes hederae” (la colette du lierre ou abeille du lierre). Le cycle de cette espèce est synchronisé sur celui de la plante, et la vie de l’insecte adulte n’excède pas six semaines. La floraison du lierre grimpant, en début d’automne, ne saurait concurrencer la pollinisation des fleurs printanières des arbres fruitiers. Egalement groupées en ombelles, les baies sont d’un noir bleuté et atteignent un centimètre de diamètre ; elles renferment jusqu’à cinq graines. Très toxiques pour les mammifères, notamment l’être humain, ces fruits ont une pulpe riche en lipides. Elle fournit une nourriture inespérée, en fin d’hiver, à de nombreux oiseaux. Ceux-ci le rendent bien au lierre grimpant : les passereaux en dispersent les graines qu’ils ne digèrent pas, soit en les recrachant par le bec, soit en les éjectant dans leurs fientes. De plus, la faune aviaire trouve dans cette liane un refuge appréciable, le lierre grimpant étant souvent utilisé pour la nidification. Mentionné en 1753 par le naturaliste suédois Carl Von Linné, dans son ouvrage de botanique en deux volumes “Species plantarum”, le lierre grimpant est classé en statut de préoccupation mineure par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Le jardinier ne doit pas être rebuté par le lierre grimpant car il n’est pas un végétal parasite, tandis qu’il présente un cycle saisonnier inversé par rapport aux plantes qui lui servent de support.
De notre correspondant Patrick Quercy