“Billenbois”, un personnage aussi pittoresque qu’énigmatique
Lucien Lecointre, dit “Billenbois”, sans doute l’une des personnalités les plus pittoresques du Pays du Der, a resurgi sur la scène, jeudi 28 septembre, à l’auditorium de Montier-en-Der.
L’Association culturelle de Rives dervoises qui avait organisé l’exposition photographique “Rives dervoises d’hier à aujourd’hui” avait aussi décidé de mettre en lumière ce photographe du siècle passé à l’occasion d’une conférence donnée par Alain Laurent, un historien local. Le conférencier a dévoilé, devant une quarantaine de personnes, la truculente histoire de ce personnage hors du commun, auteur notamment de quelques-unes des cartes postales exposées… Les récits baroques d’élevage d’araignées, les pitreries et galéjades de Lucien Lecointre se sont transmis de génération en génération dans le village de Droyes, au point qu’il est encore difficile aujourd’hui de distinguer le vrai du faux. C’est à cette tâche, qu’Alain Laurent s’est attelée, avec ses découvertes mais aussi ses impasses.
Qui était donc Billenbois ?
Né à Droyes en janvier 1868, d’un couple d’artisans sabotiers, Lucien Nicolas Alexis Lecointre est connu pour avoir été l’auteur de nombre de cartes postales de Droyes et ses environs. Il aurait également été, selon la légende, le photographe attitré de la Marquise de Meyronnet, propriétaire du château de Puellemontier. Elle lui aurait même offert son premier appareil photographique… même si aucun document n’atteste cette plaisante histoire. Si les tableaux de recensement et les registres d’état civil sont des mines d’information, il n’a cependant pas été aisé pour Alain Laurent de retracer avec précision la biographie de cet homme. La trace du petit provincial a pu néanmoins être retrouvée dans les beaux quartiers de Paris, où, jeune homme, il exerça le métier de valet de pied. Il est également acquis qu’il a été exempté de service militaire en raison d’un problème de santé. On le retrouve à nouveau au service d’un riche propriétaire de 1906 à 1911 en région parisienne. En 1915, il demeure à Bordeaux et se retrouve incarcéré à la maison d’arrêt de Bayonne pour espionnage. Une mésaventure qui n’a duré que trois semaines mais épisode assez extraordinaire en pleine guerre mondiale ! Billenbois a tout de même laissé des traces pour la postérité. Il a, en effet, pris soin de créer une carte postale très particulière “la carte moche”. Rassemblant les moments emblématiques de sa vie : découpages, dessins et photos font référence à ses périodes d’errances, ses recherches professionnelles, ses relations avec les femmes (on ne lui connaît d’ailleurs ni épouse, ni descendance), son incarcération et enfin ses liens supposés avec le “milieu”. Une image qui tranche étonnamment avec la réputation bonhomme qu’il a laissée dans les mémoires locales. Billenbois s’est éteint en mars 1944, à Montier-en-Der. Il est enterré dans le cimetière de Droyes, laissant derrière lui un souvenir de générosité et une épitaphe singulière : « Bon catholique honnête citoyen joyeux compère qui ne fut pas de bois il vécut selon son moyen ci-jit Billenbois ».