Bilan provisoire – L’édito de Patrice Chabanet
La grève à la SNCF et à la RATP est pratiquement terminée, « suspendue », affirment les syndicats. La remobilisation est prévue vendredi, le jour où le projet de réforme des retraites sera présenté en Conseil des ministres. On saura alors si les troupes seront assez fraîches pour reprendre le combat. Les pertes de salaires ont été très importantes pour les grévistes, ce qui incitera certains à ne pas se serrer la ceinture d’un nouveau cran.
Quel premier bilan peut-on tirer de ce conflit hors normes par sa longueur ? On serait tenté de dire qu’il n’y a que des perdants. A commencer par la CGT. Elle a été l’élément moteur du mouvement, mais elle a été mise en échec. Elle s’est positionnée sur le registre tout ou rien. Force est de constater qu’elle n’a rien obtenu. Sauf rebond dans les jours à venir qui ferait plier le gouvernement, Philippe Martinez sera fragilisé au sein de son organisation. Quant au gouvernement il peut se réjouir, sans le montrer, de l’essoufflement du mouvement. Cela dit, il a laissé beaucoup de plumes dans l’affaire. Les sept semaines de grève ont montré son incapacité à convaincre malgré certains reculs. L’opinion publique, on le constate aussi, reste hostile au projet de réforme, ce qui constitue un échec. L’apparition de conflits périphériques dans l’enseignement, dans les hôpitaux, chez les avocats démontre également que la grogne sociale est loin de refluer. Restent enfin les actions menées par des coordinations ou des groupes isolés : elles risquent d’incarner une forme de radicalisation. Personne ne peut prédire son ampleur