Bilan contrasté – L’édito de Patrice Chabanet
L’appréciation de la situation économique n’est jamais neutre, pour la simple raison que l’on peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut. Quand les résultats sont contrastés l’exercice devient périlleux. Ainsi hier, dans la même journée, on a appris que le déficit français était passé nettement en dessous de la barre des 3% (2,6%), mais que le taux de prélèvements obligatoires, lui, avait battu des records (45,4% du PIB). On en revient toujours à la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine. Pendant de longues années la détérioration du déficit et du taux de prélèvements allaient de pair. Cette fois-ci, il y a évolution divergente, en raison d’une autre bonne nouvelle, le retour de la croissance. Cela veut dire davantage de rentrées fiscales, la TVA et l’impôt sur les sociétés, et au bout du bout, une baisse de notre déficit. On n’entrera pas non plus dans l’éternel débat sur la paternité du regain de croissance. Une simple conséquence de la reprise économique mondiale ? La politique menée par François Hollande à la fin de son quinquennat ? Les mesures prises par le gouvernement Philippe ? Il faudra attendre quelques semestres pour identifier les facteurs réels de l’embellie que connaît notre pays et pour mesurer concrètement l’effet Macron. A court terme, les clignotants restent toujours au vert si l’on en juge par l’augmentation des embauches, la vitalité du secteur du bâtiment et les marqueurs hétéroclites que sont la fabrication de cartons d’emballage et de palettes, ou la vente de camions…
Sur le plan politique, ce sont les effets visibles qui priment. L’opinion publique ne peut qu’applaudir au retour de la croissance, car elle est synonyme de réduction du chômage. Mais elle est aussi sensible aux prélèvements obligatoires en raison de la pression fiscale que cela signifie. En d’autres termes, Emmanuel Macron a de bonnes cartes économiques en main. Mais, comme à chaque sortie de crise, le corps social revendique maintenant une part du gâteau. Dix ans de disette, ça donne faim.