Big bang – L’édito de Christophe Bonnefoy
C’est un coup de tonnerre. Que Carlos Ghosn soit l’un des patrons d’industrie les mieux payés au monde ne manque pas, depuis des années, d’alimenter la polémique. Particulièrement en France, puisqu’il est le big boss d’une institution : la marque au losange. Mais que la justice niponne lui reproche d’avoir dissimulé des sommes rondelettes au fisc laisse présager là-bas une énorme déflagration. Carlos Ghosn y dirige en effet les conseils d’administration de Nissan et Mitsubishi. Les conséquences n’ont pas tardé à dépasser les frontières du Japon. Dans un premier temps, chez nous, Renault a plongé en Bourse, aussitôt l’annonce faite par Nissan de sa mise en cause.
Les malversations évoquées dépassent en l’occurrence le simple cadre d’une affaire privée. Elles sont susceptibles d’ébranler ce qui est aujourd’hui le premier ensemble automobile mondial. L’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est un géant. Il vaudrait mieux, pour lui et, évidemment, ses dizaines de milliers de salariés, qu’il ne soit pas aux pieds d’argile.
En tout état de cause, la direction de Nissan ne laissera s’installer aucune suspicion autre que celle qui touche l’emblématique patron : son conseil d’administration se réunira jeudi pour voter son éviction. En France, Emmanuel Macron a, lui, aussitôt tenu à préciser que l’Etat, actionnaire de Renault, serait «extrêmement vigilant à la stabilité de l’alliance et du groupe».
Au-delà d’une affaire qui pourrait faire vaciller le groupe, c’est bien évidemment la sempiternelle rengaine sur la fraude fiscale qui revient sur le devant de la scène. Et elle est pour le coup bien malvenue, à l’heure où les fameux Gilets, rouges de colère, ont en ligne de mire les pouvoirs quels qu’ils soient. Et notamment celui de l’argent et ses dérives…