« Bien vieillir, bien sûr que c’est possible »… avec ou sans rides

N’allez pas dire au Dr Christian Barthélémy que l’expression « bien vieillir » est un oxymore. En cohérence avec les retours enthousiastes de ses patients, il soutient qu’on peut avancer en âge en conservant assez la patate pour que la vie reste savoureuse. Rencontre à Bourbonne-les-Bains.

« Il y a deux aspects dans la médecine anti-âge : esthétique ou réparatrice et physiologique ». Si, en ayant été, à la fin des années 80, le premier médecin de France à injecter de l’acide hyaluronique, le Dr Christian Barthélémy aurait pu se concentrer sur la préoccupation esthétique, c’est la visée physiologique qui l’a toujours mobilisé en (grande) priorité. Au passage, « l’acide hyaluronique n’a rien à voir avec le botox », glisse-t-il. Et cette première injection, c’est… « dans les genoux » qu’il l’a effectuée. À l’époque, la prescription de ce produit fabriqué au début des années 80 est destiné aux ruptures de leurs ligaments dans le même temps qu’à leur arthrose.

Avant la « détox », la « détoxication »

« Dès ma 3^e année de médecine, je me suis intéressé aux oligo-éléments (sélénium, cuivre, zinc, iode, chrome, molybdène… NDLR) ». Voilà d’ailleurs comment le Dr Barthélémy allait reprendre le cabinet du Dr Henry Picard à Bourbonne-les-Bains, voici pourquoi il a succédé au défenseur de l’oligothérapie (contre l’arthrose, pathologie réputée rétive à tout remède). Mais comment le Dr Barthélémy, aujourd’hui « bac + 25 », a-t-il tendu une passerelle entre médecine thermale -une autre de ses spécialités – et médecine anti-âge ? Un de ses exposés, qui cherche à déterminer pourquoi les gens viennent en cure, l’explique depuis longtemps. La « détoxication », terme devenu tendance dans la forme raccourcie « détox », y tient bonne place avant d’ouvrir un chapitre intitulé Théorie radicalaire du vieillissement revisitée. Loin de l’anima de ses confrères qui répondent aux aspirations de la génération bistouri (Le Parisien du 16 février), le Dr Barthélémy se fonde sur des « bilans de micronutrition », évalue le fonctionnement hormonal, digestif, celui des neurotransmetteurs également -dopamine, « molécule du dynamisme » ; sérotonine, « molécule de la récompense »… autant de termes que nous avons maintenant tous entendus. « C’est de la dépression », voilà comment la « médecine actuelle » expédierait le diagnostic des effets détestables de déséquilibres physiologiques.

Garder un bon coup de fourchette

« J’ai deux types de patients : les chefs d’entreprise, qui veulent toujours témoigner de dynamisme, et les gens qui souffrent de pathologies avérées -ce sont les plus nombreux ». Alors, oui, s’y ajoutent, même si c’est à la marge, des femmes qui espéreront combler des rides devenues décidément trop disgracieuses. Mais le Dr Barthélémy prévient : « je ne suis pas directeur de conscience ». En clair, elles devront se passer de lui pour décider si, oui ou non, rafraîchir leur visage serait bienvenu. En tout état de cause, elles seront autorisées à envisager cette étape si et seulement si le médecin bourbonnais a déjà rééquilibré le fonctionnement de leur thyroïde et de leurs hormones sexuelles. Et – ce n’est pas rien – qu’une relation de confiance se soit établie. Sans compter que la résistance du choix de franchir le pas sera éprouvée : même sûre d’elle, la candidate à remonter le temps devra pour tout préalable… patienter, le temps que sa réflexion mûrisse. Mais le docteur insiste : il entend avant tout faire en sorte que ses patients vieillissent en bonne santé, y compris au plan cognitif. Que leur appétit à vivre ne cale pas – sexualité comprise.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr