Bien plus qu’un symbole – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’inscription de l’Interruption volontaire de grossesse dans la Constitution montre au moins une chose, essentielle en des temps qu’on sent troublés : il peut y avoir consensus, on n’osera dire union nationale, au sein de la sphère politique.
Mais l’IVG, aujourd’hui quasiment devenue un nom commun de la langue française, n’a pas toujours rimé avec unanimité. Il suffit d’ouvrir les encyclopédies – désormais numériques – pour se souvenir que le combat de Simone Veil ne fut pas un long fleuve tranquille. En 2024, l’avortement, pourtant entré dans les mœurs, reste clivant.
Et ce n’est pas tant au sein des partis qu’il divise – quoique… – mais dans certaines franges de la société. Au sein de l’Église notamment. Ce lundi encore, la conférence des évêques de France rappelait à mots à peine couverts une position de laquelle elle n’a jamais vraiment dévié. Et pas vraiment dans l’esprit de ce 4 mars.
Sous les ors de Versailles, voilà en tout cas une liberté réaffirmée… et surtout sécurisée. Pour autant, la réalité politique n’est pas forcément toujours celle du terrain. Il est en effet une autre réalité : celle des femmes. Au quotidien.
Il demeure, encore aujourd’hui, chez celles qui légitimement ont recours à l’IVG, un sentiment qui n’est jamais celui d’une victoire. Avorter n’est jamais un plaisir. C’est toujours une douleur. Pire, l’avortement peut bien être inscrit dans le marbre de la Constitution, il restera souvent, çà et là, chez les proches, chez les autres, un jugement, bien réel parfois, qu’aucun texte ne pourra empêcher d’exister.
Une victoire que cette date du 4 mars ? Pour les libertés individuelles, c’est certain. Il suffit de lorgner vers d’autres régions du monde pour comprendre que, même dans certains pays dits civilisés et fondamentalement ouverts, certaines portes restent verrouillées.