Benoit Bigault : des moteurs des années 90 au viseur aujourd’hui
Il a été l’un des meilleurs pilotes de quad cross dans les années 1990. Le Chaumontais Benoit Bigault, multiple champion de France et titré au niveau international, a aujourd’hui remisé sa machine au garage. Il s’adonne aujourd’hui au tir longue distance, avec la même détermination que lorsqu’il était pilote.
C’était en 1997 ! Le Chaumontais Benoit Bigault, en binôme avec Marc Gobert, remporte les 12 heures de Pont-de-Vaux (Ain) de quad, plus communément appelé le championnat du monde d’endurance de quad cross. Il est alors au sommet de sa carrière de pilote et cumule déjà quelques titres de champion de France de la spécialité.
Vingt-six ans plus tard, le Haut-Marnais aujourd’hui installé à Foulain (créateur d’ailleurs de la piste de kart du village), ne monte plus sur ses machines. « J’en ai gardé une que j’utilise de temps en temps ». Mais les efforts consentis pour devenir l’un des “as” de sa spécialité à l’époque ont laissé quelques traces.
« J’ai quelques séquelles de mon ancienne activité de pilote », en sourit Benoit malgré la souffrance, et « quelques articulations et parties de mon corps qui me rappellent aujourd’hui la dureté de ces épreuves à répétition que j’ai enchaînées durant tant d’années. »
Mais le Chaumontais ne se plaint pas. Il est tout simplement passé à autre chose et s’est découvert une appétence pour une discipline pour le moins confidentielle, voire marginale : le tir longue distance. « J’ai toujours aimé les armes, étant d’ailleurs chasseur depuis très longtemps. Quand j’ai fini mon activité de pilote, je me suis essayé à plusieurs disciplines de tir, comme le ball trap ou les armes de poing, mais j’en ai vite fait le tour. Je n’arrivais pas à trouver des éléments de motivation pour aller plus loin. »
Il y a trois ans, il découvre alors le tir longue distance (TLD). Une discipline essentiellement militaire, mais ouverte aux civils, et ses cibles installées à 500 m jusqu’à… plus de 3 000 m. Le virus atteint le Chaumontais qui va, dès lors, prendre une licence à la Fédération des clubs de la Défense (FCD), seule organe capable d’organiser des compétitions de TLD, sur ses terrains militaires notamment.
Un travail d’équipe pour Benoit Bigault
Une discipline qui ne peut se pratiquer en solo et pour cause… Le tireur est toujours accompagné d’un “spotter” (observateur) qui va lui indiquer constamment les variables censées influer sur la précision de son tir. « Quand on vise une cible qui, à 3 000 m, représente un mètre carré de surface, cela nécessite de connaître tous les éléments qui vont conditionner la précision du tir : la météo, la force du vent, le visuel (feuilles, insectes…), la force de Coriolis (dépendante de la rotation de la Terre), la gravité, la distance… Toutes ces informations sont nécessaires pour atteindre l’objectif. Le “spotter” guide alors le tireur dans la préparation de son fusil pour garantir notre réussite. C’est un véritable travail d’équipe. »
Et Benoit Bigault a trouvé son binôme en la personne de Roman Ochaba, ancien militaire slovaque. « On s’est tout de suite bien entendu lorsque l’on s’est rencontré en compétition. Depuis, notre association fonctionne parfaitement. »
Les deux alternent tour à tour le poste de tireur et de “spotter” en compétition pour des résultats probants.
Déjà des médailles en pagaille
« Il y a deux grandes compétitions : le F-Class qui est une sorte de championnat de France sur des distances un peu plus courtes et qui se dispute sur plusieurs manches dans la saison. Et les Kings, qui sont une sorte de Mondial du tir longue distance. »
Lors de ces deux championnats, le Chaumontais affiche déjà une troisième (2022) et une deuxième place (2023) au général. Alors que sur le “Kings”, en 2023, il termine douzième au scratch : des sensations qu’il adore.
« Les deux compétitions se complètent bien à mon sens », assure Benoit. « Le F-Class, qui nécessite de toucher le centre de la cible, va habituer le cerveau à la haute précision, qui va servir sur le “très longue distance”, où seul le toucher de la cible, peu importe l’endroit, est pris en compte. »
Le Haut-Marnais, qui fait également partie de la Société Mixte de Tir de Chaumont, a également remporté le Lord of Steel à Bitche (Allemagne), avec une cible touchée à 1 600 m. « C’est intéressant de compter Benoit parmi nos licenciés », assure d’ailleurs le trésorier du club préfectoral, Rémy Riglet. « Même si notre structure ne permet pas de s’entraîner à cette discipline, le fait de voir Benoit venir faire ses réglages de ses armes chez nous, amène des curieux, qui peuvent constater les nombreuses qualités nécessaires pour devenir un tireur d’élite. »
Au classement mondial paru en juillet dernier, Benoit Bigault est installé au 83e rang. Il a déjà prévu de poursuivre sa course aux médailles en 2024, avec la même soif de victoires qu’il affichait déjà lorsqu’il était au guidon de son quad, et la même recherche de la haute précision qu’il emploie aujourd’hui, le doigt sur la détente.
Laurent Génin