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Bas instincts – L’édito de Christophe Bonnefoy

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On peut, éventuellement, parler d’intelligence limitée. Mais la bêtise, elle, est parfois sans limite. Abyssale. Innée chez certains. Et entretenue à coup de chope. Quand ledit contenant, d’ailleurs, ne sert pas de projectile pour affirmer, on y revient, une intelligence pour le coup très artificielle. Une autre définition de l’IA.
Les supporters marseillais qui ont fait les frais de l’imbécilité de supporters nantais, vendredi soir, savent désormais de quoi peut être capable l’humain. Du pire. On n’est pas, ici, dans le monde du basket, du hand ou du rugby. Mais du football. Et en l’occurrence, rien à voir là avec des affrontements entre factions rivales, qui se seraient tapées dessus entre imbéciles. Ce qui n’aurait pas été moins grave, d’ailleurs, mais au moins les loups se seraient-ils mordus entre eux. Non, sur ce match précis, ce sont des parents et leur enfant de 6 ans qui ont été pris pour cible. Crachats, insultes, bières jetées au visage… ça donne le ton. Avec en prime, un père victime d’un infarctus en tentant de protéger son fils. Vous voulez une cerise sur le gâteau indigeste ? Par exemple, les selfies de certains autres pseudo-supporters, fiers d’eux sans doute, devant l’ambulance qui transportait le pauvre papa. A vomir.
Et maintenant ? On fait quoi ? A chaque incident, tout le monde condamne. A chaque drame tout juste évité, on nous annonce qu’on va prendre le taureau par les cornes. Et à chaque fois, quelques jours ou semaines plus tard, on recroise les mêmes imbéciles, ou d’autres, dans les tribunes. Jusqu’à se dire, lorsqu’on est parent, que la place d’une famille n’est sûrement plus dans un stade de football. Ce qui était jadis un lieu de fête devient aujourd’hui potentiellement celui de tous les dangers, à cause d’une minorité. On exagère à peine.
Des solutions ? Vraiment ? Fait révélateur de ce qui est finalement une sorte d’immobilisme : les victimes ont été aspergées de bière. Tiens donc. On connaît les effets de l’alcool, notamment sur ceux qui viennent se défouler bassement. Et on continue à en vendre dans les enceintes sportives ? Lorsqu’un ou plusieurs morts seront à déplorer, on ne pouvait pas dire qu’on ne savait pas… Et surtout, qu’on a tout fait pour éviter le pire.

c.bonnefoy@jhm.fr

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