Barrages : les gendarmes font retomber en température les automobilistes à bout
A Langres, le blocage du rond-point des Etats-Unis par les opposants à la réforme des retraites a créé de longues files de véhicules à l’arrêt, attendant la levée intermittente des barrages, au rythme changeant. En tout état de cause, les gendarmes ont fait retomber en température les automobilistes exaspérés.
Les doigts des manifestants sont gourds à 7h mardi 7 mars, sur le rond-point des Etats-Unis de Langres, complexifiant la pose des derniers morceaux de chatterton sur les pancartes où l’on a inscrit tout le mal qu’on pense de la réforme des retraites, du gouvernement dans le même temps. La pinçonnée coûtera juste cinq petites minutes, avant le blocage effectif de tous les axes du rond-point.
Le syndicat FO est présent en force, celui de la CFDT est également représenté en nombre. Chez les manifestants, il y a la joie de franchir la ligne d’arrivée, de tester enfin l’impact de la mobilisation d’un 7 mars, prévue massive.
A une vitesse éclair, des files d’attente de véhicules à l’arrêt se forment, et s’allongent inexorablement. Initialement, les barrages doivent être levés toutes les demi-heures, pour libérer 3 ou 4 véhicules. Le tempo devient vite intenable pour les chauffeurs routiers et les automobilistes. Les premiers invoquent des livraisons impossibles à retarder, les seconds le déroulement de leur journée professionnelle qu’ils sont en train de voir dérailler. Quand ils dépassent enfin le barrage, ceux-là font des bras d’honneur à l’adresse des manifestants ou bien ouvrent leur vitre de portière pour jeter à la volée une ou deux insultes. D’autres, au contraire, klaxonnent en signe de soutien. Entre les deux camps, aucun accord n’est envisageable. Le conducteur d’un camion-grue percute un barrage. S’il stoppe là, reste que ce sont les gendarmes qui vont le faire retomber en température. Un autre s’extrait de sa voiture, en rage. Il doit rejoindre le CHU de Dijon pour de sérieux problèmes de santé d’une parente.
Les gendarmes réussissent à le faire regagner sa voiture, sans aucun heurt. Les manifestants le font franchir le barrage aussitôt. Le deux-tons d’une ambulance résonne, ils se dépêchent spontanément de lui ouvrir la voie.
Toutefois, une voiture va finir par percuter une syndicaliste FO, qui a été transportée aux urgences locales.
Finalement, les temps de blocage raccourcissent, mais ça ne durera pas. Déjà, contrairement à ce qui avait été annoncé, les barrages persistent après la mi-journée. En fin d’après-midi, les axes autour du rond-point des Etats-Unis sont saturés d’embouteillages, on est nombreux à s’écraser sur son avertisseur pour clamer son exaspération.
Le blocage du rond-point des Etats-Unis a fait la preuve de son efficacité. A savoir s’il n’aura pas engendré de l’amertume chez les usagers. L’ouverture des barrières de péage de l’A31 à Rolampont mercredi 8 mars pourrait être plus populaire… Mais les usagers qui empruntent l’autoroute ne sont a priori pas ceux qui étaient stoppés net à Langres mardi.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr