Barrages filtrants : l’économie au rythme de la N4
SOCIAL. Deux nouveaux barrages filtrants ont été mis en place, mercredi 15 mars, aux abords de la N4. Une mobilisation ponctuelle depuis maintenant plusieurs jours qui n’est pas sans effet sur les entreprises bragardes plus ou moins impactées selon leur secteur d’activité.
Aux alentours de 13 h 30, le parking du Relais des Nations est plein à craquer. Néanmoins, à l’intérieur, la salle est quasiment vide. Non, ce mercredi 15 mars, jour de mobilisation oblige, l’heure n’était pas vraiment au repas gastronomique en salle, mais plutôt au barbecue à quelques mètres de là sur la Nationale 4.
Comme ce fut le cas mardi 7 mars, l’intersyndicale avait appelé, pour la deuxième fois, dès 6 h, à mener des barrages filtrants sur cette artère routière reliant Paris à Nancy. Et là encore, les opposants à la réforme des retraites ont répondu présent pour « bloquer l’économie française » et ainsi tenter de se faire entendre par le gouvernement.
« On se sent un peu pris en otage »
Tandis que ces derniers brûlent pneus, palettes et libèrent au compte-goutte les routiers à l’arrêt, en salle, seule une dizaine de clients était attablée. « Vous voyez bien que le restaurant est vide », nous signale une jeune femme en plein repas.
Pour les gérants, la situation a comme un air de déjà vu : « Mardi dernier, nous avons fait seulement un couvert au lieu de 40 tous les midis. Nous sommes fortement impactés. Après, on s’adapte. On se dit que demain, on pourra à nouveau travailler normalement. » D’autres secteurs d’activité semblent également touchés, notamment les entreprises spécialisées dans le transport de marchandises. « Du fait des barrages, on doit prendre des routes différentes dans des villages et petites agglomérations, ce qui impacte l’image du transport. Il y a aussi des entreprises qui peuvent nous accueillir en effectif réduit, d’autres pas. Résultat, nos conducteurs peuvent être amenés à attendre devant l’usine », explique un responsable d’une entreprise de transport. « Ça a des conséquences sur les tournées, mais aussi sur le chiffre d’affaires », déplore-t-il. « On peut comprendre la revendication, mais on se sent un peu pris en otage. »
« Ce qui n’est pas vendu aujourd’hui, le sera demain »,
Côté commerces, le ressenti est plutôt mitigé. « Nous avons un flux client moins intense qu’avant. Par exemple, mardi dernier, nous avons perdu 50% de passages clients par rapport à l’année passée », déplore une gérante d’un magasin spécialisé dans la vente d’équipement pour animaux, installés non loin de la nationale 4. « On voit très bien qu’en haut, ils n’en ont strictement rien à faire, donc ils bloquent des gens qui ne demandent rien. » « On sent que l’activité est au ralenti, après, il faut que ça se fasse. Même si je travaille, je comprends que des gens montrent leur mécontentement », tempère Nicolas, lui aussi responsable d’un commerce similaire. « Et puis ce qui n’est pas acheté aujourd’hui, le sera demain. » En théorie…
Dominique Lemoine