La sortie du film « Barbie », mercredi 19 juillet, a provoqué un petit raz-de-marée au Ciné-Quai. La projection de 14 h, avec un dress code « tout en rose », était l’occasion de voir les étoiles dans les yeux des spectateurs.

L’affluence dans le hall du Ciné-Quai ne trompait pas. Mercredi 19 juillet, 125 personnes se sont pressées dans les salles obscures du multiplexe pour voir « Barbie« , le nouveau film de Greta Gerwig avec Margot Robbie dans le rôle-titre (lire notre critique ci-dessous). « Pour une séance de 14 h, alors qu’il fait super beau dehors, réunir autant de monde, c’est extraordinaire », se réjouit Pauline Driouich, gérante du cinéma.

Les spectateurs, jeunes et moins jeunes, se pressent devant le photocall, pour avoir leur cliché souvenir. Certains picorent les viennoiseries mises à disposition. Mais tous n’ont qu’une idée en tête : aller voir le film tant attendu. « J’attendais ça depuis longtemps, les bandes-annonces m’ont vraiment donné envie. J’ai trop hâte ! », s’enthousiasme Noryane, dans sa robe rose flashy. « J’attends de la couleur, un film hallucinant », jubile Maimouna, elle aussi parée de rose. Ont-elles joué avec la poupée, quand elles étaient enfant ? Pas vraiment, mais le côté iconique de Barbie les a attirées.

« J’ai grandi avec Barbie »

Tailissia, maquillage perlé autour des yeux, veut quant à elle « retrouver les souvenirs de quand (elle) était petite ». Sentiment partagé par son amie Blair, top et barrettes fuchsia assortis : « J’ai grandi avec les poupées Barbie, donc je suis très impatiente de voir le film. » 

La salle bien remplie – 132 personnes – lors de l’avant-première mardi 18 juillet, permettait déjà de saisir l’attrait que représente la poupée la plus célèbre du monde. Mais la séance de mercredi était plus visuelle, grâce au dress code suggéré par le Ciné-Quai. Le public était essentiellement féminin, même si les garçons étaient bien présents. Pas de doute, Barbie n’est pas réservée aux filles. Ni aux jeunes, d’ailleurs.

« Ça va me rappeler des souvenirs d’enfance, c’est certain », sourit Dienala, tout de rose vêtue, faisant la paire avec sa fille. « Je veux voir à quoi ça ressemble, s’il y a quand même un peu de matière », avance Adeline, avec un peu moins d’entrain, mais tout de même une pointe de curiosité.

Barbie plus forte que Mario ?

Les sourires sont de mise dans la salle n°3 du Ciné-Quai, mais aussi sur les visages du personnel du cinéma. « Nous sommes ravis de revoir des salles combles, surtout qu’il y a une belle ambiance. C’est vraiment ça, l’idée qu’on a de l’esprit ciné », explique Pauline Driouich. Les animations en périphérie de la séance sont bien sûr motivées par le succès attendu film, mais aussi, plus pragmatiquement, par l’aspect visuel de l’univers Barbie. « Ça aurait été un peu plus compliqué de faire un événement de la sorte sur « Oppenheimer », qui sort le même jour et qui est sans doute un excellent film, mais ça s’y prête moins… », concède la gérante du multiplexe.

Difficile d’estimer après moins d’une journée d’exploitation, mais la ferveur autour de « Barbie » laisse à penser que le long-métrage pourrait finir très haut dans le classement des films ayant enregistré le plus d’entrées au Ciné-Quai en 2023. De là à détrôner « Super Mario Bros. », actuel leader ? « C’est tout à fait possible », estime Pauline Driouich. Score à battre : 9 476 entrées.

Dorian Lacour

d.lacour@jhm.fr

« Barbie », life in plastic, it’s sarcastic

CRITIQUE. Ne vous y trompez pas, « Barbie » est un film pour les adultes. Une satire franchement jouissive de la société contemporaine, n’hésitant pas à pointer du doigt ses vicissitudes, du patriarcat crasse au capitalisme exacerbé, le tout sous une épaisse couche de vernis à ongles pastel et de talons hauts.

Alors que Barbie (Margot Robbie) enchaîne les journées idylliques à Barbie Land, elle est soudain traversée d’une pensée morbide. Dès lors, son quotidien parfait est chamboulé, au point qu’elle doive se rendre, accompagnée de Ken (Ryan Gosling), dans le monde réel pour rencontrer sa propriétaire et tenter de comprendre ce qui cloche.

Le long-métrage de Greta Gerwig a conscience de l’éminence kitsch de ses protagonistes, campés superbement par le duo d’acteurs. Il s’en amuse, n’hésite pas à la déconstruire et se livrer à de belles auto-critiques. L’entreprise Mattel – fabriquant les poupées et co-produisant le film – est tournée au ridicule par Will Ferrell qui interprète son PDG, déjanté et hors-sol.

Patriarcat et chevaux

« Barbie » met en perspective les diktats de la société dans laquelle le jouet a évolué. Profondément féministe, ayant conscience que la poupée a été – et est toujours – une représentation bien trop idéalisée du corps de la femme, le film dénonce avec une belle finesse la misogynie systémique. Par des petites phrases bien senties – « Quand j’ai découvert que le patriarcat c’était pas les chevaux, j’y ai plus trouvé d’intérêt », souffle par exemple Ken -, un bel humour et pléthore de sens de lecture, Greta Gerwig livre une œuvre on ne peut plus intelligente. Si le racisme n’y semblait pas inexistant, on pourrait presque qualifier le long-métrage de pamphlet.

De chouettes idées de réalisation, des décors enivrants et une multitude de seconds rôles attachants (America Ferrera, Issa Rae, Emma Mackey, Simu Liu, Kingsley Ben-Adir…), finissent de parfaire le film. Loin de la comédie pour ados sans prétention ni ambition. Loin du spectacle navrant d’une pub géante sur écran géant pour un jouet has been. « Barbie » est une parenthèse enchantée pétrie de jolis messages. Emmenez vos enfants voir le film. Vous en ressortirez changés.