« Axel va devoir être patient »
JHM Quotidien : Depuis combien d’années suivez-vous Axel Clerget ?
Christophe Massina : « J’ai commencé à l’entraîner et à le découvrir à partir de janvier 2017. Mais je l’ai côtoyé quand j’étais entraîneur chez les filles. Je le connais depuis qu’il est à l’INSEP. »
JHM Q : Qu’est-ce qui a changé dans la carrière d’Axel Clerget pour aller chercher des médailles en grand championnat ?
C. M. : « Le premier podium, le déclic, a eu lieu en 2017, avec l’argent à l’Euro. Puis, en 2018, le bronze aux Mondiaux, puis en 2019, puis champion olympique par équipes mixte en 2021. Malheureusement, il n’y a pas eu de médaille individuelle à Tokyo. Cela aurait été magnifique. Il apporte deux points essentiels en battant le Néerlandais et le Japonais. Je ne sais pas ce qui a fait le déclic. Axel est un combattant. Il ne lâche rien et dans tous les domaines de sa vie, il est au service de sa performance. Il cherche à tout contrôler. C’est la qualité de son défaut. Il va chercher à décortiquer pour être le plus efficace possible. Des fois, pour moi, c’est trop. Il faut laisser de la spontanéité. Depuis 2017, c’est le jour et la nuit. Axel s’entraînait trop, il y avait trop de réflexion. Des fois, il faut débrancher le cerveau et faire confiance à son corps et ses sensations. Il y a aussi eu beaucoup de blessures. Cela n’a pas été un long fleuve tranquille. »
JHM Q : Comment trouvez-vous Axel en ce moment ?
C. M. : « Il a l’air bien et il se trouve dans un super état d’esprit. Néanmois, il manque d’entraînement, et il est dans la catégorie du dessus. Il ne faut pas s’attendre à des miracles (l’interview a été réalisée samedi 5 février). Mais il est capable de tout, à Paris, où il est capable de se transcender. Plus largement, s’il veut viser Paris 2024, Axel va devoir être patient. Il doit se reconstruire et ne pas brûler les étapes. Depuis le titre olympique, il n’a pas revu le public français. C’est la dernière fois que je le coache. Quoi qu’il arrive, on va s’éclater. »
« L’âge n’est pas le plus important »
JHM Q : Vous allez changer de mission après le tournoi de Paris. Qui allez-vous coacher ?
C. M. : « Je suis nommé depuis janvier responsable des équipes de France féminines. Je serai encore sur les garçons à Paris et Tel-Aviv dans deux semaines. En ce moment, je fais les deux. Je prendrai mes fonctions à partir du 20 février. Larbi Benboudaoud est directeur de la haute performance et il chapeaute garçons et filles. Plus la filière. Christophe Gagliano va s’occuper des masculins. Ludovic Delacote entraîne l’élite féminine et Lucie Décosse gére les moins de 23 ans. »
JHM Q : Comment expliquez-vous ce changement de catégorie d’Axel Clerget ?
C. M. : « C’est pour éviter une perte de poids après l’opération de la pubalgie. Et le manque d’entraînement. Il n’y a pas de catégorie plus facile. Cela va se jouer au sol, dans sa mobilité. A 34 ans, Axel ne s’est pas mis de limite et de barrière. Tant qu’il prend du plaisir, et qu’il est performant, il sera sélectionné. Je ne suis pas de ceux qui mettent les gens dans les cases. Pour moi, l’âge n’est pas le plus important. Le staff de l’équipe de France doit aussi préparer l’avenir. Chacun va faire son chemin et son travail. Et à la fin, on verra ce que cela donnera. »
Recueillis par N. C.