Axel Clerget : « J’aurais pu être prêt »
Axel Clerget n’a pas été sélectionné pour les championnats du monde, en Ouzbékistan, en octobre. Plutôt logique après une blessure au larynx qui l’a éloigné des tatamis de judo trois mois. Mais le Bragard, déçu, estime qu’il pouvait être opérationnel dans trois mois.
Le Bragard Axel Clerget, 35 ans, qui n’a plus combattu en compétition depuis le tournoi de Paris, en -100 kilos, en février dernier, vient de vivre une non-sélection aux championnats du monde, en Ouzbékistan, du 6 au 13 octobre prochains. Il lui a été préféré un jeune (Maxime Ngayap Hambou). « Normalement, je ne fais pas partie des personnes concernées par la dernière place aux Mondiaux. Le staff fédéral fait le pari de la jeunesse, avec un jeune, en -90 kg, qui a fait une médaille en Grand chelem et qui mérite sa place. Et je n’ai pas fait une compétition de l’année, hormis Paris. La Fédération mise sur la jeunesse. En trois mois, j’aurais pu être prêt. J’aurais mixé jeunesse et expérience », analyse, déçu, le judoka aux trois médailles en individuel en grandes compétitions (3e aux Mondiaux 2018, 2019, 2e à l’Euro en 2017), sans oublier une médaille d’or aux championnats du monde par équipes, en 2011, et le titre de champion olympique par équipes mixte à Tokyo, l’été dernier.
Un sacré palmarès dans le judo français. Sans parler des Grands chelems empochés. Pourtant, le Marnavalais, licencié à Sucy depuis des années, ne conteste pas la décision. « C’est logique d’y aller progressivement et mieux de repartir sur les entraînements plutôt qu’un championnat du monde sans repère. Même si c’était mon objectif de l’année. »
« J’aurais aimé que la Fédération me prévienne »
La dernière blessure, une fracture du larynx, très rare, contractée fin avril, l’a éloigné des tatamis trois mois. « J’aurais aimé que la Fédération me prévienne, de par mon statut, plutôt que de l’apprendre dans la presse et sur les réseaux sociaux, comme ce fut le cas en 2011, où j’étais un “jeunot” », explique le judoka.
S’il recommence à faire des techniques d’étranglement depuis sa reprise, Axel Clerget est en forme. « J’ai même travaillé psychologiquement autour de cette blessure atypique. Chaque blessure peut être une force. Mes performances sont supérieures à celles avant les Jeux, pour le haut et le bas de mon corps. Je n’ai pas perdu de temps et je suis un athlète complet et opérationnel. Je sors d’une super semaine de travail, avec des combats au sol et je suis précis sur les mouvements, même si je ne suis pas encore en mode compétition. »
Désormais, Axel Clerget, toujours motivé, voit devant lui. « Je vais reprendre en compétition en octobre, avec dans un coin de ma tête les championnats d’Europe par équipes, en novembre, et le Tournoi de Paris, en février. Plus le championnat du monde, au Qatar, en mai, dix mois après le précédent. Par ailleurs, contrairement aux rumeurs, je reste en -90 kilos. J’ai eu des réflexions à ce sujet. »
« Je n’ai pas perdu mon temps »
Par ailleurs, le Nord Haut-Marnais a déjà visité l’écrin olympique, le Grand palais éphémère, pour Paris 2024, au Champ de Mars.
« Même si c’est pour l’instant un grand hall, cela sera magique avec la tour Eiffel en fond. Cela sera l’aboutissement de ma carrière, à 37 ans. Dans d’autres sports, les sportifs de mon âge sont performants. En judo, le plus vieux champion olympique, en individuel, avait 34 ans. C’est dans deux ans et cela commence à se rapprocher. »
Pour l’heure, Axel Clerget ne se préoccupe pas des classements. « La ranking list t’oblige à combattre dix fois dans l’année. Mon choix, qui est payant ces dernières années, est d’être présent sur les grands championnats. Si je peux être tête de série aux Jeux, tant mieux. Mais la catégorie est tellement dense. Il faudra aussi voir les critères de sélection », conclut-il, optimiste.
« Les indicateurs sont meilleurs que ceux d’avant les JO. Mon indice de masse grasse est revenu à celui de 2018, avec 4 % en moins et trois kilos de muscles en plus. Je n’ai pas perdu mon temps, même si j’ai profité après les Jeux. La rigueur et le travail paient. Je viens de m’entraîner sur Paris et je reprends un stage équipe de France pour la première fois en un an », conclut Axel Clerget, qui reprendra en stage équipe de France, le 17 août, à Soustons, dans les Landes. Une bonne manière de remettre le pied à l’étrier pour réussir une grosse saison.
Sur la sélection masculine qui s’envolera pour l’Ouzbékistan, où seuls Teddy Riner (3e aux JO de Tokyo) – et son palmarès XXL – et Cédric Revol (3e à l’Euro 2022) ont ramené au moins une médaille en grand championnat. Et ce ne sont pas des jeunes.
Nicolas Chapon
n.chapon@jhm.fr