Avis de tempête – L’édito de Patrice Chabanet
Emmanuel Macron ne s’y attendait peut-être pas, du moins
si vite : il doit déjà affronter le gros temps. En témoigne un
nouveau sondage qui lui fait perdre 14 points. Les Français
qui ont pris goût à dégager les dirigeants de la «vieille» politique
seraient-ils en train de se retourner contre celui qui a été l’initiateur
de ce grand nettoyage ? Il est trop tôt pour le dire. Ce qui
est sûr, c’est que le chef de l’Etat n’est pas au bout de ses peines.
Il doit franchir un véritable Cap Horn politico-social, avec la
présentation, ce jeudi, des ordonnances de la réforme du droit
du travail. Le séminaire gouvernemental qui se tient aujourd’hui
atteste d’ailleurs de cet avis de tempête. Il s’agit de motiver
et mobiliser l’équipe gouvernementale dont bon nombre de
membres sont plus habitués au management d’entreprise qu’à la
contestation politique. Les couacs et les improvisations ne sont
plus permis. Ils se paieront de plus en plus cash dans les cotes
de popularité.
Contrairement aux apparences, le nouveau pouvoir a donc plus
à craindre de lui-même et de ses maladresses de communication
que de l’activisme de ses adversaires. Les remontrances de
Hollande ne représentent pas un danger, compte tenu du bilan
que l’ancien président de la République laisse. Les attaques, hier,
de Mélenchon étaient plus appuyées, plus acérées. Mais elles
posent un autre problème : dans une démocratie (nous sortons
d’une période électorale), est-il normal qu’un leader appelle
quasiment à l’insurrection, en invitant les Français à «déferler»
sur Paris ? On se croirait revenu à la fin des années 40 où le PCF
voulait gagner dans la rue ce qu’il avait perdu dans les urnes.
On est dans une période de chamboule-tout, c’est vrai. Ainsi en
ont voulu les Français. Ce n’est pas une raison pour dire tout et
n’importe quoi, ni pour tirer la couverture à soi.