Avec son éclairage, le risque d’éteindre le lustre de Langres
Langres n’est pas des cent cités haut-marnaises à avoir demandé au syndicat départemental énergie et déchets comment abaisser le coût de son éclairage public. Parce que cette dépense est ici maîtrisée de près. Toutefois, la cité va réfléchir pour faire peut-être mieux.
« Langres nous a sollicité il y a longtemps ». À la différence des villes qui, depuis le printemps, assaillent de questions le syndicat départemental énergie et déchets (SDED), en découvrant l’explosion des tarifs de l’électricité, la cité des remparts ne s’est pas manifestée auprès du SDED (voir en pages Département). Pas de quoi surprendre son directeur du service technique Rodolphe Grandjonc, qui explique que la cité a en effet mis en place un plan de maîtrise de l’énergie depuis les années 2000. Et le syndicat continue de déplier son application. « Aujourd’hui, on attend le matériel pour intervenir dans le secteur des Roises et de Saint-Gilles ». Après avoir fait le job dans la montée de la Collinière l’an passé. « Il y a 4 ou 5 ans, c’étaient les Quartiers Neufs ».
Un seul interrupteur pour rues et remparts
« Dans une ville comme celle de Langres, couper l’éclairage des monuments engendre des coûts, qui ne compensent pas immédiatement l’économie réalisée ». Sauf à patienter « 10, voire 15 ans » pour les constater. Langres est un peu un cas à part en somme, avec déjà « beaucoup de luminaires ». Aussi, en coupant leur alimentation, « on ignore comment on va les redémarrer ». Rodolphe Grandjonc insiste : « ça va coûter de l’argent »… sans par conséquent en rapporter illico autant. C’est qu’ « il y a un seul interrupteur pour les rues et les remparts ». Ce n’est pas tout. « En ville, l’alimentation électrique emprunte des voies sous-terraines. Une conception qui remonte elle aussi aux années 2000. Tandis qu’ « à Paris, la tour Eiffel doit avoir son propre compteur », dans la cité perchée, éteindre les rues égale nécessairement plonger ses monuments emblématiques dans le noir.
Précieuse vue
« Il y a longtemps qu’un plan d’économie énergétique est enclenché à Langres ». Voilà pourquoi des lampes « à temporisation » sont installées. Elles constituent, aux yeux de Rodolphe Grandjonc « une véritable économie ». En assurant dans le même temps la sécurité. Restent… les remparts. « C’est une question de taille, mais il y a une réflexion sérieuse », que le premier adjoint Etienne Perrot voudrait bien engager « prochainement ». Des réunions existent avec le SDED, poursuit-il, « une fois l’an ». Etienne Perrot souhaiterait à dire vrai « un entre-deux », un scan de la circulation « entre 22 h et 23 h » en se demandant s’il serait envisageable d’ « éteindre après ». Si cette option était retenue, elle s’accompagnerait sans doute d’ « une recherche d’un emprunt à terme ». Reste que Langres bénéficie d’un patrimoine exceptionnel, et qui rapporte par-dessus le marché. « Les Langrois et les touristes se réjouissent de la vue sur la cité des remparts depuis la route de Montigny-le-Roi ou depuis La Liez ». Au total, débrancher Langres du réseau électrique pourrait lui couper son courant économique, en remisant ses points d’aimantation dans l’ombre. « Éteins la lumière, montre-moi ton côté sombre… », dit un chanteur. À savoir si la cité perchée pourrait, dans cette hypothèse, autant… briller qu’aujourd’hui.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr