Avec Nasreddine Moueddene, « un sourire, ça marche toujours ! »
DANS LA VOITURE DE… Mercredi 20 décembre, jhm quotidien a embarqué dans le véhicule de Nasreddine Moueddene, conducteur de bus à Saint-Dizier depuis plus de 25 ans. De quoi changer de monotones tours de ville en aventures du quotidien.
Tiens, il a l’air sympa. Notre première pensée, en rencontrant Nasreddine Moueddene, au dépôt Transdev du Val-d’Ornel, mercredi 20 décembre, s’est vite confirmée. Le conducteur de bus qui refuse de révéler son âge – seulement sait-on qu’il exerce ce métier depuis un quart de siècle – a écumé les routes bragardes. Charriant avec lui son lot d’histoires et de moments de vie, propres aux transports en commun. Il n’en dira pas trop sur celles-ci, mais est on ne peut plus prolixe pour parler de son métier.
La prise de service se fait, cet après-midi-là, à 14 h 41. Nasreddine Moueddene fait le tour de son véhicule, l’inspectant avec minutie. Une éraflure lui saute aux yeux, sur l’arrière du bus : « Je ne suis pas sûr qu’elle y était déjà… » Il fait remonter l’information et se voit rassuré quand on l’informe que, si, elle y était déjà. Un tour de l’intérieur du véhicule, pour s’assurer que rien n’ait été oublié par les passagers, et nous voilà partis. Ce sera la ligne 1A, qui fait une boucle en partant de et revenant à l’hôpital Geneviève-de-Gaulle-Anthonioz. De tête, Nasreddine récite les arrêts, en décrivant même la courbe de la route. Signe qu’il a bien roulé sa bosse.
Attention maximale pour Nasreddine
Le trajet, d’environ une heure, se déroule sans encombre. Plusieurs passagers, qu’on devine habitués, échangent brièvement avec Nasreddine. « Les gens sont pressés aujourd’hui, ils n’ont plus de patience », déplore le conducteur. Mais il a une solution miracle : « Un sourire, ça marche toujours ! » Et un petit mot, ça ne fait pas de mal.
La vigilance de Nasreddine est permanente. Les yeux rivés sur la chaussée, il analyse en permanence une route qu’il connaît pourtant par cœur. Il confie sa hantise d’avoir un accident. « Si on renverse quelqu’un, tu n’imagines pas, c’est traumatisant… » D’où sa minutie, qui s’applique aussi au moment d’encaisser le paiement des passagers qui achètent un titre de transport. « Ça, on l’apprend sur le tas », rigole-t-il. Cela va sans dire, le conducteur a aussi en tête les aléas de la route (un arrêt dans un village un peu serré, une déviation, une route étroite…). Manière de toujours éviter l’accroc.
Garder un bon souvenir
Après plus de 25 ans de service, Nasreddine Moueddene ne fait montre d’aucune lassitude. « Je n’en ai jamais marre, c’est comme une télé pour moi », s’amuse-t-il en parlant du pare-brise du bus. Bien sûr, parfois, la situation se tend avec certains passagers. Mais pas de quoi faire paniquer Nasreddine. « Quand je compare aux personnes qui travaillent à l’usine, dans le froid, franchement, on n’est pas malheureux », philosophe-t-il, d’une voix basse et enjouée.
Impossible de savoir combien de personnes il rencontre chaque année – gageons que nous parlons en milliers – mais ce ne sont pas les chiffres qui intéressent Nasreddine. Il préfère qu’on garde un bon souvenir de lui. C’est pourquoi il attend quand, peu avant 16 h, il voit une dame courir au loin de peur de rater son bus. « Elle va nous traiter sinon », pouffe-t-il. Et de conclure avec ce qui semble être son mantra : « Faut pas se prendre la tête. »
Dorian Lacour