Avec modération – L’édito de Patrice Chabanet
L’art de la guerre, c’est aussi un savoir-faire dans la dissimulation de ses intentions. On ne joue pas cartes sur table. C’est visiblement la stratégie adoptée par Israël. Après l’attaque massive de l’Iran contre son territoire et l’annonce d’une réplique, tout pouvait laisser penser à une action forte de l’Etat hébreu. Riposte il y a bien eu, mais rien à voir avec un déluge de feu. Des représailles, mais avec modération. Les discours s’inscrivent dans la même logique. Israël est même resté silencieux. Et Téhéran s’est contenté de parler « d’objets volants ». On a fait mieux comme harangue guerrière.
La retenue dont font preuve les deux belligérants peut s’expliquer par la propagande, à savoir l’écriture d’un “narratif”. Les Iraniens mettent en avant l’ampleur de leur offensive. Les Israéliens, de leur côté, soulignent la destruction pratiquement totale des drones et des missiles envoyés par Téhéran. Chaque camp peut donc se targuer d’avoir gagné.
Autre interprétation, tout aussi crédible : l’armée israélienne a surtout testé le système de défense iranien, principalement autour des installations nucléaires. La véritable offensive n’interviendrait que dans quelques jours. Une prudence qui entre en résonance avec la situation dans la bande de Gaza. Tsahal patine et ne parvient toujours pas à atteindre son but de guerre : l’éradication du Hamas. Dans ces conditions, une offensive généralisée contre l’Iran présenterait tous les risques inhérents à l’ouverture d’un deuxième front. Autant d’hypothèses qui alimentent le brouillard de la guerre.