Auguste Laurent, la bombe atomique de Langres
Né à La Folie (lieu-dit de Saint-Michel) mais ayant passé toute sa jeunesse à Langres, Auguste Laurent est considéré comme l’un des plus grands chimistes du XIXe siècle.
Nombreux sont les Langrois à passer devant son buste, place des Etats-Unis, sans le remarquer. Et sans l’identifier. S’il est le troisième Langrois — après les incontournables Denis Diderot et Jeanne Mance — à être représenté dans les rues de la ville, Auguste Laurent est bel et bien, malgré tout, un “illustre inconnu” aux yeux de ses concitoyens. Il est pourtant l’un des plus grands chimistes du XIXe siècle.
Né le 14 novembre 1807 au lieu-dit “La Folie”, à Saint-Maurice, Auguste Laurent passe l’essentiel de sa jeunesse et de sa scolarité à Langres. Passionné par les sciences en général, et la chimie en particulier, il est diplômé de la prestigieuse Ecole des Mines de Paris. L’ayant repéré, le chimiste Jean-Baptiste Dumas, professeur à l’Ecole centrale des arts et manufactures et alors considéré comme le plus grand chimiste français de son temps, en fait son assistant. A ses débuts, Auguste Laurent travaille en harmonie avec son professeur et élabore une classification de l’isomérie. Las, les relations entre les deux scientifiques s’enveniment rapidement lorsque le Langrois remet finalement en cause la théorie de Dumas du « dualisme électrochimique » dans la formation des molécules, lui soutenant que celle-ci se réalise par addition et substitution.
Maître de Louis Pasteur
L’Histoire des sciences lui donnera raison mais, en 1838, subissant l’ire de Dumas, Auguste Laurent préfère quitter Paris et s’exiler à l’université de Bordeaux, où il est nommé professeur de chimie en 1838. Il y restera jusqu’en 1845, année de son retour dans la capitale, pour trois années d’intenses études, et avant d’enseigner à la Monnaie à Paris. Ayant développé sa théorie, il se confronte à l’Académie des sciences, au sein de laquelle Jean-Baptiste Dumas exerce une grande influence. L’Académie s’oppose ainsi à sa nomination pour une chaire au Collège de France.
Etant devenu un professeur réputé, Auguste Laurent accueille à son tour, au début des années 1850, un jeune assistant prometteur, un certain Louis Pasteur. Celui-ci entame alors une thèse sur la cristallographie sous la houlette d’Auguste Laurent. Reconnaissant, le futur inventeur du vaccin contre la rage rendra a posteriori ce remarquable hommage : « Je dois dire ici que cette première partie de mon travail est plutôt l’œuvre de M. Laurent que la mienne propre. Je travaillais à cette époque dans le même laboratoire que ce chimiste à l’École Normale, et, à chaque instant, j’étais éclairé par les bienveillants conseils de cet homme si distingué à la fois par le talent et par le caractère ».
Auguste Laurent meurt précocement, de la tuberculose — Pasteur n’avait pas encore découvert son bacille… — le 15 avril 1853. Il laisse derrière lui la découverte des imides, ou encore de l’acide phtalique.
Nicolas Corté