Audience couperose
Marquée par le coup de semonce du vice-procureur Gérard Launoy, l’audience de lundi a illustré les différentes problématiques liées à une consommation exceptionnelle ou maladive d’alcool. De lourdes peines ont été prononcées à l’encontre de bons vivants et alcooliques.
«En trente ans de carrière, je n’ai pas connu une semaine sans la moindre affaire liée à l’alcool au volant. Cette situation est inadmissible et scandaleuse dans une société animée par une volonté de progrès. Les lois sont de plus en plus sévères, nous tapons de plus en plus fort et le problème persiste… L’alcool tue, mutile, remplit les hôpitaux psychiatriques, casse des couples et favorise les malheurs familiaux. L’alcool n’a rien à envier à la drogue. Un tiers des accidents de la route sont liés à une consommation excessive d’alcool. Boire et conduire n’est pas une preuve de virilité !» : vice-procureur, Gérard Launoy a tenu à adresser un message clair, net et précis à prévenus et conducteurs friands de Muscadet du matin, anisettes et repas arrosés. Différentes affaires ont mis en lumière la complexité de la relation aux appréciables et addictives boissons participant à la grandeur de la gastronomie française.
Déboires de fin d’année
Opérateur de tri à Chaumont, Gabriel Fouquet se plait à trinquer autour d’un bon repas en période de fin d’année. Le 18 décembre, cet honnête père de famille est convié à une réjouissante soirée par son employeur. Un bus est mis à disposition du personnel. Les joyeux drilles gagnent le Casino de Bourbonne-les-Bains. Verres de Champagne, ballons de vin rouge et demis de bière rythment un repas conclu par quelques pas de danse sur la piste de la discothèque de l’établissement.
De retour à Chaumont, Gabriel Fouquet ne sait que faire. «Ma femme n’a pas le permis et il fallait bien que nous rentrions», indiquait le prévenu. Résidant à Chateauvillain, l’homme décidera de prendre le volant. Sa course prendra fin à Villiers-le-Sec où les gendarmes détecteront, à 4 h 30, un taux de 1,19 gramme d’alcool par litre de sang. Se rendant régulièrement en stop sur son lieu de travail, le prévenu sera condamné à trois mois de suspension du permis de conduire et 90 euros de frais de justice.
Au coeur de la maladie
Malade alcoolique, Henry Chinaski incarne les souffrances de citoyens victimes de la puissance addictive d’une consommation d’alcool excessive. Contrarié par les commentaires d’un partenaire de chasse, le traqueur perd ses nerfs le 19 décembre 2010. Le prévenu regagne son domicile où il consomme deux à trois litres de vin. Pour des raisons obscures, Henry Chinaski prend le volant et est contrôlé avec 2,04 grammes d’alcool par litre de sang. «J’ai été licencié suite à ce contrôle, indiquait l’ancien conducteur d’engin. J’avais débuté un traitement en juin, mais j’ai rechuté. Mon ancien employeur est prêt à me réembaucher, mais il me faut mon permis. Il fallait que j’arrête de boire. Je suis suivi, j’ai connu des rechutes, mais je suis toujours sous traitement.» Avocate du prévenu, Maître Laloz mettait en avant les résultats encourageants de plusieurs analyses avant de faire état de cruelle réalité propre aux départements ruraux. «Mon client réside dans une petite commune, il est le seul à faire bouillir la marmite et il ne peut pas se déplacer sans l’aide de voisins ou amis du fait de l’absence de moyens de transport collectifs», clamait l’avocate. Condamné à quatre mois de prison assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve et obligation de soins, le prévenu aura également écopé d’une suspension de sept mois de son permis de conduire.
A la source…
Ouvrier-vigneron, Albert Quentin a également subi les conséquences d’une consommation maladive. Chambole-Musigny : si le lieu de résidence du prévenu renvoie à une certaine grandeur. Le parcours d’Albert Quentin témoigne d’une certaine bassesse. Parti de Côte-d’Or, le conducteur s’arrête à Langres où il rencontre des compères de vendanges. «J’ai bu trois ou quatre demis, témoignait le prévenu. En fait, je ne me souviens plus trop. Je devais livrer du vin à ma soeur pour les fêtes de fin d’année. Je suis parti de Langres pour assurer cette livraison à Chaumont.» Interpellé par les trajectoires sinueuses du véhicule de prévenu, les policiers chaumontais procèderont à un contrôle d’alcoolémie. Le résultat ne laissait pas part au doute Albert Quentin affichant un taux d’alcoolémie de 2,36 grammes par litre de sang.
L’homme est coutumier du fait : des condamnations survenues en 2000, 2007 et 2008 témoignent d’une profonde addiction. Condamné à cinq mois de prison assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve avec obligations de soins, Albert Quentin devra patienter un an avant de pouvoir repasser son permis de conduire. La qualité du cru 2011 de Chabole-Musigny ne pourrait souffrir de pareille décision…