Permis à 17 ans : aucune plus-value en termes de sécurité routière
Mathieu Dupuis, gérant de Mathieu auto-école à Chaumont, a un avis mitigé sur la nouvelle mesure voulue par le gouvernement qui entend abaisser l’âge auquel on peut passer le permis de conduire à 17 ans.
Déjà, il s’inquiète du nombre de places ouvertes pour l’examen du permis de conduire. Il explique avoir déjà du mal à placer tous ses élèves de plus de 18 ans et craint de voir les délais s’allonger. Un aspect pratique qui n’a pas forcément été pris en compte.
Ensuite, il estime que cet abaissement de l’âge viendrait à «tuer la conduite accompagnée», possible à partir de 15 ans aujourd’hui. Pour lui, les jeunes verraient moins l’avantage de passer par la conduite accompagnée. Il leur suffirait d’attendre leurs 17 ans pour se lancer. « On sait que la première cause de mortalité des jeunes est l’accident de la route. En termes de sécurité routière, la mesure n’a aucune plus-value. » Alors, mettre sur un même pied d’égalité les jeunes qui ont passé la conduite accompagnée et les autres n’est pour lui pas juste. « Ça me choquerait moins qu’on autorise ces premiers à conduire à 17 ans et pas les autres. Ils ont moins d’accidents. C’est un fait car au moment de leur passage de permis ils ont parcouru au moins 3 000 km. C’est aussi pour cela que leur assurance est moins chère. Ils prennent moins de risques. Pour contrer cet effet, on pourrait proposer la conduite accompagnée à 14 ans au lieu de 15. » Quant à la formation post-permis évoquée par l’Etat, elle n’interviendrait qu’un an après l’obtention du permis, déjà trop tard selon lui. « Mais elle serait facile à mettre en place car elle existe déjà. Tout jeune permis peut la passer et ainsi voir sa période de permis probatoire réduite d’un an. Mais on ne la dispense jamais car elle est très méconnue. On n’a pas de demandes. »
S’adapter à la maturité
Avec le permis à 17 ans, ce serait aussi aux moniteurs auto-école de s’adapter à la maturité du jeune « comme on le fait déjà en conduite accompagnée ». Pour Mathieu, il peut y avoir une vraie différence de personnalité entre 17 et 18 ans. « On le voit en conduite accompagnée. Quand on les revoit lors des rendez-vous de suivi, ils sont souvent métamorphosés dans leur conduite et leur comportement. 17 ans, c’est jeune quand même, surtout qu’ils pourront commencer les cours de conduite deux mois avant.» Par contre, il avoue que cette réforme sera populaire auprès des premiers concernés. « Le seul argument qui pour moi est entendable est l’accès à l’emploi ou à l’apprentissage, surtout dans notre département rural. Ça peut effectivement tout faciliter. »
Laura Spaeter