Au vitriol – L’édito de Patrice Chabanet
Au vitriol – L’édito de Patrice Chabanet
Etrange week-end politique où l’on voit le tonitruant Mélenchon mettre de l’eau dans son vin et le probable futur président des Républicains projeter une giclée de vitriol contre le chef de l’Etat. Dépité ? Dépressif ? Réaliste ? Le leader de la France insoumise a pris acte de la mise en place du programme d’Emmanuel Macron. Lui qui voulait voir déferler des millions de Français dans la rue pour faire barrage aux ordonnances a maintenant le sentiment que le char du libéralisme avance de manière implacable. Un aveu qui signe en creux la victoire de l’actuel locataire de l’Elysée.
Autre camp, autre stratégie. Laurent Wauquiez, lui, a attaqué directement la personne du président de la République. Il en a dressé un portrait apocalyptique dans le JDD : « désert de l’âme », « président arrogant et capricieux », « haine de la province », « aucun amour charnel pour la France ». Certes, Laurent Wauquiez est en pleine campagne interne pour décrocher la présidence de son parti. Mais il est difficile de suivre le fil de ses intentions. Dans son propre camp, Eric Woerth, qui ne passe pas pour un Macron-compatible, a désavoué le patron de la Région Auvergne-Rhône-Alpes quant au vocabulaire employé par ce dernier. Sa victoire quasiment certaine à la tête des Républicains l’autorisait plutôt à prendre de la hauteur au lieu de céder à la tentation des outrances. Or il a pris le chemin inverse, renforçant son image de personnage clivant et ne tolérant aucune opposition. Cela peut sans doute renforcer son image de chef auprès d’une majorité de militants. Mais à plus long terme, à savoir dans la perspective de la présidentielle de 2022, il lui sera très difficile d’agréger autour de lui les modérés de son parti et les centristes. On peut lui reconnaître une certaine clarté quand il revendique sa fierté d’être à droite, et bien à droite. Mais en cela, il s’éloigne de l’héritage gaulliste. Le Général refusait les classifications gauche et droite. « Je suis pour la France », aimait-il à répéter.