Au revoir président – L’édito de Christophe Bonnefoy
Tout siège est potentiellement éjectable, même quand on a tout fait pour le transformer en trône. C’était inéluctable, Noël Le Graët a fini par partir, mais sans les honneurs.
Sa gestion de la Fédération française de football, un peu comme un roi au milieu de sa cour, l’a mené à sa perte. Tout n’est pas à jeter dans le règne de Le Graët. Mais on ne retiendra malheureusement que le moins bon. Sa façon d’être. Hors sol. Et particulièrement son attitude envers la gent féminine. Goutte d’eau qui fit déborder le vase : croire qu’il pouvait humilier par interview interposée un dieu vivant du foot, Zinedine Zidane.
L’ère Le Graët se referme. Vraiment ? Pas forcément. Le comité exécutif, qui a acté le départ de son président, est sûrement dans ses petits souliers. On a en effet bien compris, au fil du temps, que ses membres sont tout aussi attachés à leur siège que l’était “Monsieur Noël”.
Alors que faut-il attendre, désormais, du tsunami qui submerge la FFF ? Il ne touche pas qu’un homme. Il pourrait, très vite, atteindre une sélectionneuse ô combien contestée par ses joueuses mais protégée jusqu’alors par son président. Elle aussi pourrait très vite prendre la porte.
Plus largement, c’est tout un système, tout un fonctionnement qui est à revoir. Mais les vieux réflexes risquent d’être difficiles à jeter à la corbeille. Ce mardi, la Fédération s’offusquait dès la fin de matinée via un communiqué qu’on ait parfois pu pointer ses manquements, dans un esprit de « dénigrement disproportionné » selon elle. On croit rêver.
Seul espoir pour que les choses changent – si elles doivent changer – : que le football amateur vienne s’engouffrer dans la brèche. Les petits clubs tirent la langue, alors que la FFF est l’une des plus riches d’Europe. Là aussi, il y a sans doute des prés carrés à attaquer à la pelleteuse. Une politique à redéfinir. L’affaire Le Graët n’est peut-être que le point de départ d’un chamboulement qui pourrait redistribuer – mieux – les cartes.