Au fil de l’audience
Tribunal correctionnel. Le président Morelière donne lecture du rôle. Les renvois s’enchaînent. Un prévenu est invité à se présenter en possession de différents documents à l’occasion de débats renvoyés au 26 mars 2024. « Sans justificatifs, nous allons croire que la Terre est plate et que les licornes existent. »
Thierry G s’avance à la barre. Un Gilet jaune ? Un motocycliste soucieux de sa sécurité. Résidant à Chalindrey, le quinquagénaire s’est senti trahi. À monsieur, une voisine a manifestement préféré la compagnie d’un ami de Thierry G. « Nous nous sommes fréquentés de mi-mars à mi-août 2022, ensuite, nous avons entretenu une collaboration amicale, on se voyait chaque jour, je lui rendais quelques services. (…) Début octobre, elle a eu la Covid, elle m’a dit de retourner chez moi. » Le 2 janvier 2023, cette voisine dépose plainte contre Thierry G. Des appels téléphoniques… Et de petits mots. Doux ? Pas vraiment. « Traînée ». « Menteuse ». Les mots d’un « jaloux maladif » aux dires de la plaignante.
Madame aurait jeté son dévolu sur un ami du prévenu. Le 4 janvier 2023, Thierry G se rend à Longeau où réside ce rival. Un témoin aperçoit un homme couteau en main. Le mystérieux individu dégrade les essuie-glaces et les phares du véhicule d’un ami qui ne l’était plus. « C’était mon frère de cœur, elle a voulu qu’il soit auprès d’elle, je n’ai plus eu aucun contact avec lui, j’ai mal réagi, je m’en suis pris à sa voiture. » On devine une forme de solitude dans les déclarations du prévenu. « Je suis un Homo sapiens, je suis tourné vers l’autre, vers la communication. D’un coup, plus rien, je voulais communiquer avec elle, qu’elle me précise les choses. » Et puis… « Elle a voulu jouer les grandes et je me retrouve ici. » Une nouvelle plainte sera déposée le 24 janvier 2023. Traitée de « frigide anorgasmique », « épiée », harcelée, la plaignante est à bout. Le jardinier en espaces verts assure avoir tourné la page. « C’est fini tout ça. »
Dans le cadre d’une composition pénale, le prévenu avait été averti et invité à suivre, à ses frais, un stage relatif aux violences et comportements sexistes. Une sensibilisation infructueuse. L’heure n’est plus aux avertissements. Cinq mois de prison, une peine intégralement assortie d’un sursis probatoire comprenant obligations de soins, interdiction de contact avec la plaignante et obligation de réparer le dommage dû au propriétaire du véhicule dégradé.
Passé à tabac
Second dossier. Flash-back. Le confinement, vous vous souvenez ? Compliqué. Des joggers et des cyclistes verbalisés, des personnes terrorisées, des malades, des morts et des citoyens pour qui, tout ça, c’était un poil exagéré, aussi… Mathieu D et Alexandre V en avaient finalement peu faire de ce contexte, l’important était de se procurer de la résine de cannabis. Le 31 mars 2020, les deux jeunes hommes se rendent à Vignory afin d’entrer en contact avec une connaissance susceptible de les orienter vers un fournisseur en résine de cannabis. Faisant fi des règles en vigueur, le trio prend la direction de Fronville puis de Liffol-le-Petit. Dans le jargon, Mathieu D et Alexandre V se prennent une « carotte » par un dealeur heureux de profiter de la crédulité de deux amateurs. A la « carotte » s’ajoute une verbalisation pour déplacement sans justificatif dressée par les services de gendarmerie. Ça fait beaucoup. Alors, forcément, le ton monte. Mathieu D et Alexandre V se sentent trahis par l’homme qu’ils sont venus chercher à Vignory. Les prévenus reconnaissent avoir porté « quelques claques » à un homme pris de boisson abandonné, à Vouécourt, en bord de route. Des claques ? Appuyées, a minima, comme en témoigne une Interruption totale de travail (ITT) de dix jours. La victime affirmera par ailleurs avoir été délestée de son portefeuille. La somme de 700 € aurait été dérobée. Une affirmation contestée par les prévenus. Décision ? Déclarés coupable vol avec violence, Mathieu D et Alexandre V ont été condamnés à quinze mois de prison avec sursis.
T. Bo.