Au-delà des chiffres – L’édito de Patrice Chabanet
Les statistiques ne donnent pas matière à se réjouir. En 2022, 118 femmes ont perdu la vie en France sous les coups de leur conjoint ou de leur ex. Soit quatre de moins qu’en 2021. Autant dire que rien n’a vraiment bougé et que la question du féminicide reste entière. Il fallait s’y attendre : l’image des femmes chez certains hommes n’a pas changé. C’est un bien inaliénable sans aucune autonomie dans son comportement et ses choix.
Dans un premier temps, c’est la répression qui devient prioritaire. Le vocabulaire a évolué. On ne parle plus de crimes dits passionnels, mais de féminicide, une façon d’abolir un prétendu partage des responsabilités. Il y a un agresseur et une victime. Les circonstances atténuantes, une enfance difficile par exemple, ne renversent pas les rôles.
Souvent le geste fatal est précédé de signes avant-coureurs : les crises de jalousie, les coups et la mise sous tutelle de la future victime. Aujourd’hui, les femmes sont encouragées à dénoncer ces comportements via un signalement à la police ou à la gendarmerie, à des associations spécialisées, à son médecin ou à son pharmacien… Bref, une meilleure information pour une meilleure protection.
N’oublions pas au passage les autres victimes, les enfants en particulier. Dans une récente affaire une femme a été littéralement massacrée devant son bambin de 3 ans. Il n’a sûrement pas compris pourquoi pareil déchaînement contre sa mère, mais le traumatisme le poursuivra à vie. Le féminicide ne s’inscrit pas dans un espace clos. Il détruit tout sur son passage, une famille et son avenir. Parfois même, il réapparaît dans la génération d’après.
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