Au chevet de la Suize pour réparer les erreurs du passé
Les bureaux d’études (ISL, Sialis, la Chambre d’agriculture et Atelier des territoires) ont présenté, à la salle des fêtes de Marac, le rapport avant-projet relatif à l’aménagement de la Suize sur les communes de Courcelles-en-Montagne et Voisines. Il est question de rattraper les erreurs commises par le passé.
Cette étude, dont les objectifs sont multiples et ambitieux, a été lancée en 2020 par le Syndicat mixte du Bassin de la Marne et de ses affluents (SMBMA). Tout en respectant les usages des différents propriétaires, cette étude doit répondre à plusieurs objectifs : améliorer l’état écologique des cours d’eau, limiter les inondations sur la commune de Voisines, limiter les assecs, préserver les sites sensibles existants et renforcer la résilience des cours d’eau et zones humides face au changement climatique.
Deux sites différents, ayant subi des altérations, ont été étudiés. Le site amont concerne une grande partie de la forêt communale de Voisines (gérée par le Sigfra) et de Courcelles-en Montagne (gérée par le Sigfrel). Sur ce site, le cours d’eau a été rectifié et recalibré dans les années 50 afin de drainer les parcelles sur lesquelles ont été plantés des résineux.
Ces travaux ont entraîné une forte altération des propriétés de la zone humide, à savoir une double perte de capacités : celle de rétention de l’eau en hiver et celle de restitution de l’eau en été. Afin de retrouver ces fonctions, le projet prévoit donc un reméandrage ainsi qu’une réhausse du fond du lit. Concernant la partie aval, le lit de la Suize ainsi que celui de son affluent, le ruisseau de la Prêle, ont été déviés afin d’alimenter un moulin qui aujourd’hui n’est plus fonctionnel. Ainsi, les ruisseaux ne se trouvent plus en fond de vallée et leur fonctionnement naturel s’en trouve altéré.
Ces modifications, antérieures à 1850, ont engendré deux phénomènes. Le premier est un fort envasement du lit qui entraîne des débordements fréquents lors de précipitations moyennes et porte préjudice aux exploitants agricoles. Le second est l’assèchement du cours d’eau car ce dernier n’est plus en contact avec sa nappe alluviale, de plus il se trouve à 4,50 m au-dessus de son niveau naturel. Ce phénomène est d’autant plus accentué que des failles sont présentes sur le tronçon de la Suize.
Les avis sur le projet
Suite à la présentation du projet par les bureaux d’études, les personnes présentes (exploitants et propriétaires, élus des communes et du SMBMA, Sigfra, Sigfrel, DDT et CENCA) ont eu l’occasion de se manifester. Denis Lalevée, directeur du SMBMA, a tout d’abord rappelé que le syndicat n’interviendra pas sans l’accord des différents propriétaires et exploitants et qu’un consensus doit être trouvé afin de ne pas impacter les usages.
Concernant la partie amont, les communes ainsi que les gestionnaires de la forêt approuvent le projet. La fragilité du milieu impose un nombre d’accès limité et les bureaux d’études devront définir précisément ces accès après consultation du Sigfrel, du Sigfra et des exploitants agricoles. Le Sigfra et le Sigfrel ont rappelé que l’exploitation des résineux (2 600 m3) sera réalisée par la technique de débardage par câble afin de ne pas dégrader le milieu. Le devenir des branches pour leur valorisation reste à définir.
Les bureaux d’études devront rencontrer les différents propriétaires (communes ou privés) afin de localiser précisément le tracé du futur cours d’eau et ainsi appréhender au mieux les contraintes et les impacts liés aux usages.
La partie aval plus complexe à mettre en œuvre
Pour la partie aval, la situation est plus complexe car les ruisseaux traversent des parcelles agricoles. La remise en fond de vallée du cours d’eau implique un découpage de certaines parcelles. Les accès devront ainsi être redéfinis. Certains propriétaires sur la partie aval ne semblent pas favorables à ce projet.
Afin de limiter les débordements, le curage du cours d’eau a été évoqué. Les services de la DDT ont rappelé que ces travaux ne seront pas autorisés en cas de demande (faite en 2020 par le SMBMA et refusée) et que la solution pérenne reste le déplacement du cours d’eau dans le fond de vallée. Ainsi, les phénomènes de débordement risquent de s’accentuer et les cours d’eau emprunteront, à moyen voire court terme, les fonds de vallée si aucune intervention n’est réalisée. Concernant le moulin, ce dernier restera alimenté par le ruisseau de la Prêle mais plus par la Suize si le projet est validé. Des discussions avec les propriétaires, perplexes, doivent encore avoir lieu et le SMBMA et les bureaux d’études restent ouverts à la négociation. En cas de refus, Denis Lalevée rappelle que le projet sur la partie aval sera abandonné.
De notre correspondante