Au bout du cynisme – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’affaire Estelle Mouzin
est donc indissociable du parcours criminel de Michel Fourniret. Ou quand le
pire finit par se confirmer, sans qu’on ose y croire.
Les parents de la jeune fille auront longtemps espéré. Puis vu leurs craintes
d’une issue tragique devenir peu à peu l’hypothèse la plus plausible. Les aveux
de l’ex-femme de Fourniret, mais également des traces partielles d’ADN
retrouvées sur un matelas, sonnent maintenant comme une sorte de triste
épilogue : Estelle a sans doute vu son destin basculer, parce qu’elle a
croisé par hasard, un jour, un tueur en série qui n’aura vécu toute sa vie qu’à
travers sa propre jouissance de voir souffrir ses victimes. Mais aussi un
cynisme certain à jouer avec les enquêteurs et indirectement les familles.
Monique Olivier, qui a visiblement décidé depuis un certain temps de ne plus couvrir celui dont elle fut la complice et, d’une certaine manière l’objet, ne fait aucun mea culpa. Mais elle dévoile, un peu plus à chaque fois, ses vérités sur l’assassin dont elle a partagé la vie.
Reste que depuis des années, elle comme lui ont asséné plus de mensonges aux juges que de vraies réponses aux questions posées. On peut même imaginer que, malgré les nouvelles révélations de Monique Olivier, on est encore loin de la fin de l’enquête. Fourniret va certainement prendre un malin plaisir – terrible attitude vis-à-vis des victimes -, d’abord à instiller le doute sur les lieux où pourra être retrouvé le corps d’Estelle. Et pire encore : pour peu que sa mémoire très sélective se remette à pouvoir servir ses pulsions, il n’hésitera pas à égrener jusque dans les détails les plus scabreux le calvaire qu’il a fait subir à la jeune fille. D’une cruauté sans nom. Jusqu’au bout.
Mais, au moins, maintenant, les parents de la jeune victime pourront-ils peut-être, enfin, faire leur deuil, comme on dit. Bien maigre consolation.