Au bord de l’embrasement – L’édito de Patrice Chabanet

C’est cette nuit qu’a pris fin l’ultimatum lancé aux putschistes nigériens par les Etats de l’Ouest africain (Cedeao) pour rétablir le président Bazoum dans ses fonctions. Bien malin qui peut dire aujourd’hui comment va s’écrire la suite de l’histoire. L’intervention militaire est l’option la plus envisagée, du moins sur le papier. Mais elle ne fait pas l’unanimité. Si le président du Nigeria y est largement  favorable, d’autres Etats y sont totalement hostiles comme le Burkina Faso et le Mali, deux pays dirigés par des putschistes, comme par hasard. En fait, au-delà de ces dissensions politiques c’est la mise en œuvre d’une opération militaire qui pose problème. Comment harmoniser la partie opérationnelle d’une coalition disparate ? Qui en assurera le commandement ? Les populations concernées sont-elles motivées ? Le Nigeria, par exemple, est déjà confronté sur son territoire aux raids meurtriers de Boko Haram.

Les opposants aux putschistes doivent choisir entre deux mauvaises solutions. Ne pas intervenir reviendrait à cautionner cette épidémie de coups d’Etat qui ronge l’Afrique. Intervenir pourrait déboucher sur un embrasement, avec la Russie en embuscade bien décidée à ramasser la mise. Sans parler des djihadistes qui jouent leur propre jeu mortifère. La France ? Elle soutient le retour au pouvoir du président Bazoum. Mais de là à intervenir militairement il y a un palier qu’il serait périlleux de franchir. Notre pays n’a plus rien à gagner à se fourvoyer dans des affaires extérieures. Laissons les Russes s’y embourber à leur tour. On aurait dû s’en rendre compte dès la fin de l’opération Serval au Mali.