Atypique – L’édito de Christophe Bonnefoy
Elle n’aura pas droit aux mêmes hommages populaires et enflammés qu’un Johnny. A vrai dire, Marie Laforêt – de son vrai nom Maïtena Doumenach -, fut tellement atypique qu’elle préféra souvent privilégier ses… absences plutôt que se tracer un véritable plan de carrière, même si la sienne restera exceptionnelle. Elle s’en va après avoir joué dans 35 films et vendu près de 35 000 000 d’albums. Mais les générations actuelles auront vu disparaître l’actrice puis chanteuse qu’on appelait la “fille aux yeux d’or”, en laissant à leurs parents ou grands-parents l’émotion d’accompagner une ultime fois celle qui aura bercé une partie de leur adolescence. Les plus jeunes auront toutefois, peut-être, une impression de déjà entendu à l’écoute de ses grands succès. “Il a neigé sur Yesterday”, magnifique hommage aux Beatles, ou encore “Viens, viens”, qui mettait particulièrement en valeur, non pas une voix mais, comme elle le disait elle-même, un « timbre » de voix très particulier.
Marie Laforêt, qu’on peut encore admirer régulièrement sur le petit écran, entre autres dans les rediffusions de “Joyeuses Pâques” ou “Flic ou voyou”, de Lautner et “Les Morfalous”, de Verneuil, avec Jean-Paul Belmondo, est de ces artistes qui atteignirent les sommets dans les années 70 et 80. Et qui s’en vont, doucement, un à un, laissant orphelines ces générations “nourries” à la chanson française populaire et à un cinéma qui ne l’était pas moins, dans le bon sens du terme.
Marie Laforêt aura marqué son époque, comme on dit. Une – autre – belle et grande artiste s’en est allée. A la fois atypique parce qu’à part du show-business, et vraie.