Artifices : « un décret qui favorise le marché noir »
Thibaud Prévot de la société d’artifices éponyme à Sarrey estime que le décret pris par Elisabeth Borne va aveugler les services de l’Etat en favorisant le marché noir de la vente de produits pyrotechniques.
«L’Etat s’est rendu aveugle avec ce décret. Tout interdire ne va pas protéger malheureusement les forces de l’ordre», estime le dirigeant la société Prévot Artifices installée à Sarrey. Pris dimanche 9 juillet, ce décret interdit la vente, le transport de produits pyrotechniques, des mortiers notamment jusqu’au samedi 15 juillet inclus. Une réponse suite aux récentes émeutes où les forces de l’ordre se sont faites attaquées avec des mortiers à tir tendu.
«On refuse des ventes tous les jours. L’idée du décret est de laisser les seuls professionnels, les artificiers, et les collectivités à tirer des feux. Il interdit les particuliers. Mais la façon dont est rédigé ce décret, il ne prend pas en compte tous les feux déjà vendus en amont. On livre depuis quatre à cinq semaines. Et puis, sont exclues les associations ou encore les comités des fêtes car ce ne sont pas des collectivités», rappelle Thibaud Prévot. Et ce dernier rappelle que lorsque l’on interdit, on ouvre la voie «au marché noir, à internet.»

Les sociétés de production et de vente de produits pyrotechniques doivent respecter un cahier des charges des ventes qui trace chaque transaction. «Nous sommes obligés de signaler toute transaction suspecte», précise Thibaud Prévot.
On le comprend, ce décret est très décrié par les professionnels de la pyrotechnie. Et Thibaud Prévot d’enfoncer le clou. «Si l’on suit ce que dit le décret, les fontaines à gâteau sont des articles pyrotechniques. Donc ils sont interdits pendant la période du 9 au 15 juillet. C’est montrer à quel point ce texte a été rédigé dans la précipitation».
Ph. L.
Une période stratégique
La période de la fête nationale est celle où Prévot Artifices est totalement mobilisée. La société va tirer avec ses artificiers 25 feux le 13 juillet, autant le 14 juillet, 6 le 15 juillet et 2 le 16 juillet. «Si on ne va pas au-delà de 25 ce n’est pas un hasard. On bride notre volume de prestation pour conserver une qualité. Et désormais notre métier est logisticien d’artifices. On travaille dans un rayon de 100 km autour de Sarrey. Au-delà on n’y va plus. En revanche, on continue de préparer et de vendre dans toute la France pour des prestataires. Cette année, nos feux seront tirés à Saint-Tropez, à Cannes, à Courchevel mais également au Havre. On va livrer 200 communes et à l’année, cela représente un volume de commande de 3 500 feux.Pour nous, le 14 juillet, cela fait deux semaines qu’il est terminé», fait remarquer, Thibaud Prévot.
«On ne tient pas compte des particularités locales»
Thibaud Prévot n’a que très peu apprécié à la fois la teneur de la recommandation préfectorale sur les tirs de feux d’artifices et le timing de sa publication. «Cette recommandation est mal formulée. C’est pour dire : je ne veux pas de feux d’artifices», affirme le dirigeant de Prévot Artifices. «J’aurais préféré que l’on écrive que les feux restent autorisés en fonction de vos conditions particulières. Regardez avec les artificiers si un tir est possible», ajoute Thibaud Prévot.
Depuis la publication de l’arrêté, mardi 11 juillet, l’entreprise a déjà reçu beaucoup d’appel de communes qui soient s’interrogent, soient ont déjà décidé de reporter leur feu. «Oui c’est sec, mais c’est beaucoup moins sec que l’an passé et nous n’avions pas eu à enregistrer un départ de feu à cause d’un tir. Dans le Nord du département, c’est vert. Les communes ont eu des orages que nous n’avons pas eu ici. Il n’y a pas de risque», tient à faire remarquer l’artificier. Et pour lui cette recommandation «est une décision parapluie qui ne prend pas en compte les spécificités locales», martèle-t-il.