Arrêter de jeter l’énergie par les portes des magasins
Commerce. Avec la hausse des coûts de l’énergie et les préoccupations environnementales, les portes ouvertes des magasins été comme hiver semblent inadaptées. Est-ce que l’obligation de les fermer pourrait arriver à Chaumont. Comment les commerçants l’accepteraient ? Réponses.
La Ville de Bourg-en-Bresse a annoncé vendredi 15 juillet avoir pris un arrêté municipal interdisant aux commerçants de laisser leurs portes ouvertes lorsque la climatisation est en marche ; une pratique jugée « absurde et contraire à l’impératif de sobriété énergétique » par Jean-François Debat, le maire de cette commune de 40 000 habitants.
La mesure est entrée en vigueur dès le 18 juillet et depuis, toute infraction, relevée par la police municipale, est passible d’une amende de 38 €. La commune avait mené le même combat durant l’hiver avec les portes ouvertes alors que le chauffage tourne à plein. Les commerces les plus visés sont les grandes enseignes et les franchisés qui reçoivent des consignes au niveau national sans se préoccuper de la réalité du terrain.
Mais alors, est-ce qu’un tel arrêté pourrait être pris à Chaumont ? Comment les commerçants du centre-ville le vivraient-ils ? A première vue, ils seraient plutôt compréhensifs parfois fatalistes et, en tout cas, obéissants.
« Ce sont les données économiques qui feront basculer les réfractaires ».
La gérante d’un magasin de produits du terroir explique jouer avec la climatisation et avec le chauffage en permanence pour limiter les coûts et surtout, pour que ses produits soient présentés, en rayon, dans les meilleures conditions. Les variations de températures peuvent être fatales aux vins ou aux terrines.
Alors, en période forte chaleur, elle ferme naturellement les portes de la boutique. Mais, elle l’a constaté et le dit : « des portes ouvertes été comme hiver attirent les clients et, en particulier, lorsque la vitrine n’est pas représentative de ce qu’il y a à l’intérieur ». Pour cette gérante, « c’est 10 à 15 % de flux en plus ». Elle fait le parallèle avec les personnes qui ouvrent les bras et ceux qui restent toujours les bras croisés. Les premiers sont toujours plus avenants. Il en va ainsi avec les boutiques.
Elle comprend les arguments énergétiques, économiques et environnementaux et se pliera à l’obligation de fermer les portes des magasins si elle devait voir le jour. Elle sait aussi que des astuces peuvent compenser les entrées « ratées » comme ne pas oublier d’indiquer « pousser » sur la porte. Il existe aussi une solution intermédiaire avec les rideaux de chaleur ou de fraîcheur à l’entrée du magasin qui font office de portes virtuelles. Le principe se veut économique en énergie.
Une autre gérante d’une boutique en accessoires ne voit aucun inconvénient à devoir garder porte fermée. « C’est dans la logique des choses » dit-elle mais « à condition que tout le monde soit logé à la même enseigne ». Elle le fait déjà naturellement et va jusqu’à couper l’éclairage de sa vitrine la nuit. « Il est normal de faire des efforts ».
Même les vitrines
Encore plus concernée, une vendeuse d’une enseigne de prêt-à-porter masculin explique que l’équipe suivra les instructions de la direction nationale. Direction qui rappelle déjà, tous les ans, de ne pas oublier d’éteindre les lumières des magasins la nuit ainsi que le chauffage . Pour les vitrines, la vendeuse estime que, après minuit et la sortie des restaurants et jusqu’à 5 h du matin, il serait logique de tout éteindre. Les minuteries sont parfaitement adaptées à cette pratique.
Une gérante de boutique de vêtements pour enfant confie être sensibilisée depuis longtemps aux économies d’énergie. « Si on y réfléchit, ce n’est plus possible de continuer à fonctionner ainsi ». Elle est davantage touchée par la dimension environnementale qu’économique mais, elle en est certaine : « ce sont les données économiques qui feront basculer les réfractaires ».
Frédéric Thévenin
Christine Guillemy : « un vrai sujet philosophique »
Christine Guillemy confie qu’il n’y a pas d’arrêté municipal du type de celui de Bourg-en-Bresse prévu à Chaumont pour l’instant. Le maire parie davantage sur « la citoyenneté de chacun qui doit se gérer à son niveau ». Mais, elle est persuadée du besoin de sobriété énergétique à tous les niveaux pour les coûts et pour éviter les gaz à effet de serre. Elle en profite aussi pour rappeler qu’une règle au niveau national oblige l’extinction des magasins et des vitrines après 23 h.
Pour autant, comme elle le dit, « faut-il aller jusqu’à la réglementation au niveau municipal ? ». Elle y voit un vrai sujet philosophique. Elle y réfléchit et, en attendant, elle souhaite mettre en place un fonds en faveur du climat et de l’environnement sur la base d’une taxe sur les activités polluantes. Les propositions qui en découlent pourraient être plus strictes et intégrer les commerces.
Enfin, toujours en faveur de cette sobriété, des essais sont en cours au niveau de l’éclairage public des rues au Haut-du-Val. Christine Guillemy sent que les Chaumontais sont prêts à accepter que le principe se développe partout ailleurs avec des discussions au préalable.