« Arranger les choses sans aller au procès »
JUSTICE. Ils ont un rôle majeur dans la résolution de conflits du quotidien et le désengorgement des tribunaux. Rencontre avec les conciliateurs de justice de l’arrondissement de Saint-Dizier, qui gèrent plusieurs dizaines d’affaires par an.
S’ils partagent le même bureau, au rez-de-chaussée de la Maison de Justice et du Droit, Didier Jobard et Daniel Durand ne se voient pas si souvent. Mais ils échangent chaque semaine, surtout par mail, sur ce qui les lie : les deux retraités de la gendarmerie sont conciliateurs de justice, depuis le 8 mars 2017. « On a prêté serment ensemble à la cour d’Appel de Dijon. »
« Recréer un dialogue »
Ils étaient six conciliateurs en Haute-Marne, à cette époque. Aujourd’hui, ils ne sont plus que trois, un à Chaumont et donc Didier Jobard et Daniel Durand pour l’arrondissement de Saint-Dizier. Bénévole, le conciliateur a pour mission d’intervenir auprès de personnes en situation de litige. Problème de voisinage (végétation qui dépasse, chien qui aboie, coq qui chante), litige dans le domaine de la consommation (achat de véhicule, téléphonie, travaux) ou entre propriétaire et locataire (impayés de loyers) représentent la majorité des dossiers.
Le nombre d’affaires passées entre leurs mains oscille entre 80 et une grosse centaine par an. « J’en ai déjà eu 50 pour cette année », indique Daniel Durand qui comme son confrère, ramène aussi les dossiers à la maison. Les affaires s’enchaînent, les conciliateurs verraient d’un bon œil l’arrivée de renforts.
Tout citoyen peut faire appel au conciliateur, une alternative au procès gratuite et confidentielle. Le requérant passe à Saint-Dizier par la MJD qui le mettra en relation avec le conciliateur, lequel aura pour mission de « recréer un dialogue avec l’autre partie », précise Didier Jobard. « Les gens ne se parlent plus, alors, lorsque, au bout d’ 1 h 30, ça se termine par une poignée de main, on est satisfait. » « Le but c’est d’arranger les choses sans aller au procès », enchaîne Daniel Durand. Et c’est avec cette philosophie que les deux conciliateurs abordent chaque dossier. D’autant qu’avec le Covid et les confinements, « il y a eu une montée des tensions, les problèmes de voisinage se sont amplifiés », assure Daniel Durand. Son confrère se souvient d’une conciliation à propos d’une pompe à chaleur faisant trop de bruit. « Si les gens en conflit trouvent eux-mêmes une solution, c’est mieux », soutiennent les deux conciliateurs, qui effectuent à l’issue de leur travail un constat d’accord, d’échec ou de carence. A l’instar de la moyenne nationale, le taux de réussite des conciliateurs, tous dossiers confondus, est de plus de 50 %. « Autant de dossiers qui ne vont pas en justice et c’est une bonne chose », se satisfait Daniel Durand.
N. F.
« On n’est pas juge »
Les conciliateurs de justice ne traitent aucun dossier administratif, fiscal ou en lien avec le droit de la famille (garde d’enfants, séparation des biens, etc.). Ils ne fournissent ni conseil, ni renseignements – « ça, c’est le rôle des avocats » -. En outre, ils ne jugent pas. « On est là pour arranger un litige, on fait de l’arrangement à l’amiable », insiste Didier Jobard.