Arquebusier des temps modernes à Langres
En 1998, Jean Détourbet, retraité de l’Education Nationale, rejoint la troupe des hallebardiers à Langres. Aujourd’hui encore, le fringuant octogénaire enfile son habit de lumière d’arquebusier pour une présentation bidonnante d’une arme d’un autre temps.
Eloquence, esprit vif…. Jean Détourbet clame haut et fort, qu’il représente la dixième génération des « Détourbet » installée sur la commune de Saints-Geosmes. Le souvenir de la Seconde Guerre mondiale est intact : » Je me souviens de la libération de Saints-Geosmes, de ces trois soldats de la 1ère Armée du général de Lattre qui fumaient sur le muret. Je me souviens de ce GMC dans la grange, je me souviens de ce char caché sous une touffe de noisetiers. »
Ecole primaire à Saints-Geosmes, collège à Jeanne Mance, le lycéen de Diderot décroche le bac en 1961 et se dirige vers l’enseignement.
Serqueux, Bize, Rougeux, Bourbonne-les-Bains, Prauthoy… L’apprenti instituteur effectue 28 remplacements dans le Sud Haut-Marnais : » J’ai appris le métier sur le terrain avec jusqu’à plus de 30 élèves dans une classe unique. Un jeudi par mois, on se rendait chez l’inspecteur pour suivre une formation théorique. J’ai enseigné jusqu’à la retraite en 1998. »
L’amusette de service
Un père, chantre à l’église, une mère qui joue de l’harmonium… Assurément, le troisième de la fratrie a le sens du spectacle : » Faire le pitre ne m’a jamais demandé beaucoup d’efforts. A l’époque, lors des évènements familiaux (mariage, communions, anniversaires), il n’y avait pas de sono, j’entrais en scène au dessert en récitant le Cid ou en imitant le sermon du curé en chaire. »
Quelques temps plus tard, lors des manifestations de la J.A.C (Jeunesse Agricole Catholique) l’adolescent montre de belles dispositions sur scène : » J’ai chanté des chansons de l’époque devant 500 personnes. Nous avions mis en scène » Les tribulations d’un anglais à Paris » avec une joyeuse bande de copains du village. »
En 1998, David Covelli, président des Hallebardiers, propose au retraité de rejoindre la Compagnie : « Lorsqu’il s’est engagé chez les hallebardiers et les arquebusiers, il a rapidement trouvé sa place. Une place à sa mesure car Jean est doué pour le conte et les histoires qui viennent de loin. Il ne fait jamais les choses à moitié : avec talent, truculence et délicatesse, il sait vous emporter avec un enthousiasme communicatif dans ses récits historiques qui rendent le passé de Langres attachant et humain. »
Et l’arquebuse dans tout ça ?
Disposant de quatre reproductions d’arquebuses du XVIe siècle, la compagnie organise une formation. Enfiler la dose de poudre par la bouche de l’arme, la tasser dans la culasse avec la bourre, verser de la poudre d’allumage à l’extérieur de la culasse, fixer la mèche sur le serpentin… Jean valide les différentes étapes de la mise à feu.
Depuis 25 ans, en collaboration avec l’Office de tourisme, Jean propose bénévolement sa mise en scène d’un tir d’arquebuse à la Tour Navarre : « Bien sûr, j’adapte mon texte au groupe mais l’humour est omniprésent. Ces dames en redemandent car il est plus facile de faire rire un public féminin, je les place donc sur les premiers bancs… »
Prestations gratuites à la Tour du Petit Sault (du 14 juillet au 15 août ), départ de la Course des Remparts, les trois coups des Estivals d’août… Le » Capitaine d’arquebusiers autoproclamé » se veut le bruyant ambassadeur du patrimoine du Pays de Langres.
De notre correspondant Serge Borne